Les lectures critiques de Michaux ont largement décrit les motifs obsessionnels d'une œuvre qui, tentant de sortir de l'Histoire, semble particulièrement destinée à un parcours thématique. On a moins prêté attention à la généalogie de la poétique, à ses ruptures et à sa chronologie. Cet ouvrage tente de restituer les moments essentiels, souvent occultés, d'une traversée du temps. Il rend compte des rapports mouvants à la littérature, des ruptures poétiques, de l'invention des formes, de l'itinéraire spirituel, depuis les débuts (1922) jusqu'aux écrits de la guerre (Epreuves, exorcismes). Des textes non repris en recueil, confidentiels et pourtant significatifs, permettent de mieux suivre les chemins de traverse.
" Ecritures de soi ", " expatriations " : le pluriel indique les formes diversifiées que prend chez Michaux d'une part l'autoportrait fantasmatique de l'identité diffractée, d'autre part l'expérience à la fois poétique et voyageuse du nomadisme. Au lieu de se contrarier, ces stratégies vont peu à peu se conjuguer, au point que les exigences de l'expatriation tendront à se confondre avec celle d'une déterritorialisation de plus en plus intense. Fable, poème ou micro-récit, chaque texte sera une forme provisoire de mise à distance. L'auteur de ce livre tente de montrer comment, pour Michaux, accomplir par l'écriture un désir d'expatriation, c'est nécessairement mettre en œuvre dans la poétique un ethos particulier - celui d'une pensée nomade, d'une pensée poétique de la dérive.
Les lectures critiques de Michaux ont largement décrit les motifs obsessionnels d'une œuvre qui, tentant de sortir de l'Histoire, semble particulièrement destinée à un parcours thématique. On a moins prêté attention à la généalogie de la poétique, à ses ruptures et à sa chronologie. Cet ouvrage tente de restituer les moments essentiels, souvent occultés, d'une traversée du temps. Il rend compte des rapports mouvants à la littérature, des ruptures poétiques, de l'invention des formes, de l'itinéraire spirituel, depuis les débuts (1922) jusqu'aux écrits de la guerre (Epreuves, exorcismes). Des textes non repris en recueil, confidentiels et pourtant significatifs, permettent de mieux suivre les chemins de traverse.
" Ecritures de soi ", " expatriations " : le pluriel indique les formes diversifiées que prend chez Michaux d'une part l'autoportrait fantasmatique de l'identité diffractée, d'autre part l'expérience à la fois poétique et voyageuse du nomadisme. Au lieu de se contrarier, ces stratégies vont peu à peu se conjuguer, au point que les exigences de l'expatriation tendront à se confondre avec celle d'une déterritorialisation de plus en plus intense. Fable, poème ou micro-récit, chaque texte sera une forme provisoire de mise à distance. L'auteur de ce livre tente de montrer comment, pour Michaux, accomplir par l'écriture un désir d'expatriation, c'est nécessairement mettre en œuvre dans la poétique un ethos particulier - celui d'une pensée nomade, d'une pensée poétique de la dérive.