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Harvey a mal partout. Le bracelet électronique n'arrange rien, il a les chevilles fragiles et craint de chuter dans l'escalier tapissé de la villa qu'on lui a prêtée. Demain c'en sera fini, il sera disculpé de tout ce qu'on lui a mis sur le dos dans le seul but de lui nuire. Dès demain il pourra se lancer dans de nouveaux projets. Entre deux coups de fil à ses avocats, avec lesquels il s'efforce d'être patient, il aperçoit Don DeLillo dans le jardin voisin.
Adapter son chef-d'oeuvre, Bruit de fond, au cinéma. Voilà. C'est LE moment de faire ce film, braille-t-il au téléphone en attendant l'arrivée d'un médecin qui lui fera une perfusion, une nouvelle thérapie, à la pointe. Devant le miroir, Harvey songe qu'il doit se faire blanchir les dents. Il demandera à son assistante de lui prendre rendez-vous, et de lui trouver un restau où emmener DeLillo. Ah, et sa fille Kristin vient dîner ce soir avec Ruby, sa petite-fille.
Tout le monde semble penser qu'il joue sa vie, demain. Il ne voit pourtant pas de raison de s'inquiéter, surtout quand il lit les commentaires de soutien sur internet - il y en a -, surtout après la perfusion qui le fait dériver dans l'espace. Il a tout le temps devant lui.
Harvey
Harvey c’est Weinstein. Harvey c’est un monde qu’on passait sous silence et qui enfin apparaît pour ce qu’il est : un scandale.
Harvey c’est 24 heures dans la vie d’un homme avant sa condamnation.
Comme une routine qui tient autant de la peur que du déni.
Roman social, roman d’un homme, chronique tout en finesse de ce qui ressemble à un crépuscule, exploration des zones d’ombres et de folie de notre société aux mains d’hommes trop puissants.
Avec une maestria délicate et sans jugement, Emma Cline écrit Weinstein, pétri de douleurs et nourri d’antidépresseurs, être aussi pathétique que fier, cet homme qui pense pouvoir danser au-dessus du vide.