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Ciudad Juárez est devenue synonyme de violence extrême. Cette ville frontalière du nord du Mexique constitue non seulement l'un des principaux sites de la guerre sans merci que se livrent les cartels de la drogue mais elle représente aussi le lieu emblématique de ce qu'on appelle aujourd'hui le « féminicide ». Plus d'un millier de femmes ont été tuées depuis 1993 dans cette ville de 1,3 million d'habitants.
Toutes sortes d'hypothèses circulent sur ces crimes, mais un fait demeure : la plupart sont restés impunis. Le terme « féminicide » s'est peu à peu imposé comme un concept privilégié pour traiter de cette situation intolérable. Si le féminicide désigne la mort violente d'une femme pour la seule raison qu'elle est une femme, il est surtout inhérent à un État incapable de garantir le respect de la vie des femmes.
Car il met en cause la responsabilité de tous les paliers des institutions publiques dont les acteurs contribuent à maintenir l'impunité. C'est en effet cette situation d'impunité qui transforme les assassinats de femmes en féminicides. À la suite d'une lutte tenace des nombreuses familles de victimes et d'association de défense des droits humains, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme a rendu un jugement en 2009 qui déclare le Mexique coupable de violer les droits des femmes, le système de justice mexicain étant négligent, inapte, complice et corrompu.
C'est avec la rigueur du travail de terrain et la générosité du témoignage engagé que l'auteur, chercheuse et anthropologue féministe, tente de « comprendre l'incompréhensible ».