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Il se l'était juré, l'HP, il n'y retournerait jamais. Mais alors qu'il vient de faire un mariage prestigieux et qu'il a trouvé un emploi, Pierre Souchon est délogé d'une statue de Jean Jaurès où il a trouvé refuge et embarqué en hôpital psychiatrique. A vingt ans, pendant ses études, il avait basculé pour la première fois et été reconnu bipolaire. Passant à nouveau la "barrière des fous", il se retrouve parmi eux, les paranos, les schizophrènes, les suicidaires, brisés de la misère dont il nous livre des portraits à la fois drôles et terrifiants.
Son père vient souvent le visiter, et ensemble ils s'interrogent sur la terre cévenole d'où ils viennent, les châtaigniers et les sangliers, sur leurs humbles ascendants, paysans pauvres et soldats perdus des guerres du XXe siècle. Dans ce récit plein de rage mais aussi d'humour, l'auteur nous plonge au coeur de l'humanité de chacun, et son regard se porte avec la même acuité sur les internés, ses frères dans l'ordre de la nuit, sur le monde paysan en train de mourir ou la grande bourgeoisie à laquelle il s'est frotté.
Il est rare de lire des pages aussi fortes, d'une écriture flamboyante, sur la maladie psychiatrique, vue de l'intérieur de celui qu'elle déchire.
RECOMMANDE PAR LE RESEAU CULTURE CHRONIQUE
Voilà une histoire dans laquelle on tombe à pieds joints. L’auteur à une écriture « à l’arrache » qui interpelle.
Le personnage principal s’appelle Pierre et il est malade. Il a été diagnostiqué bipolaire en 2003, vers l’âge de 20 ans et son médecin lui a prescrit des régulateurs d’humeur à vie. Ses médicaments sont comme une fenêtre qui s’ouvre vers l’extérieur, ils lui permettent de mener une existence normale.
Pierre réussit brillamment des études de journalisme. Il a un travail fiable et il se marie.
Au début du roman, sa maladie a fait un retour en force, quelque chose de carabiné. Son psychiatre a recommandé l’arrêt du traitement car son état s’est stabilisé. Pierre est consentant. Il ne se sent plus malade.
Trois jours plus tard, il est jeté à la porte de son journal, il a failli tuer son patron. Il disparait de tous les radars et erre durant un mois. Il vit avec des SDF et il se laisse porter par le courant.
Une nuit, Pierre est pourchassé par une multitude d’agresseurs invisibles et il court, à moitié nu, dans Montpelier. Il fonce vers la place Jean Jaures et s’accroche à la statue du grand homme. Les forces de l’ordre l'évacuent au petit matin et il est interné à l’hôpital psychiatrique. Pierre a gardé un très mauvais souvenir de son premier séjour. Son esprit le ramène en 2003 et c’est intolérable. Il n’accepte pas son hospitalisation.
L’auteur nous explique comment son narrateur voit la vie à travers la maladie. Il y a des flash back permanents mais on ne s’égare pas. Pierre est le noyau central, l’histoire nous ramène toujours à lui. C’est un homme intelligent et cultivé, il a du tempérament et il est attachant. Il met des mots sur sa folie et sur ce qu’il ressent. Et la folie, quand c’est raconté par quelqu’un d’intelligent, c’est toujours intéressant.
L’auteur décrit le fossé qui se creuse entre ceux qui ont la tête bien vissée et ceux chez qui la tête déboulonne. Le malade est comme entouré de grésillements. Son comportement inadapté est souvent perçu comme une agression.
Pierre est ardéchois. La terre de ses ancêtres circule dans ses veines. Le lien qui le relie à ses parents est indestructible et son père le soutient systématiquement. La relation entre le père et le fils est très belle et il y a de magnifiques passages sur la nature.
Le narrateur est engagé à l’extrême. C’est peut-être le seul aspect qui pourrait fatiguer le lecteur.
Je dis « Bravo ! Monsieur Souchon » J’ai beaucoup apprécié votre roman, vos personnages et votre écriture.
Annick FERRANT