Du Vierge, De La Vierge

Le livre intitulé Carnets de route (Plon-Mame 1995) a mis sous nos yeux étonnés la transcription partielle d'un des quatre-vingt-dix-sept cahiers manuscrits que le célèbre auteur de Une somme de Poésie, Patrice de La Tour du Pin (1911-1975), couvrit de sa fine écriture tout au long de sa vie. A travers un travail d'écriture où la pensée et le verbe s'épousent intimement, on découvre bien plus que le poète : le penseur croyant et le contemplatif mystique qui, en priant la plume à la main, s'efforce de dire pour ses contemporains et les générations à venir, en français du vingtième siècle, le Jeu de Dieu dans l'homme conduisant ce monde et son histoire vers une nouvelle Genèse. Irremplaçable, pour entrer dans ce monde de pensée, restera la lecture continue des cahiers manuscrits. Mais plus accessible a semblé le chemin des images et figures que Patrice de La Tour du Pin traite souvent par couples pour mieux approcher le complexe mouvant du mystère. L'un des couples, qui court à travers toute son œuvre, rapproche le vierge et la Vierge. Le vierge est la " réserve " que Dieu s'est aménagée dans sa créature mortelle dont surgira l'Adam renouvelé. La Vierge est la maille centrale de ce passage. Dès l'abord, le lecteur peut se trouver étonné, voire désarçonné. Qu'il persévère : peut-être sera-t-il émerveillé de tant l'élévation et de profondeur, de pudeur et de libre amour.