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Productive dans les langues indo-européennes anciennes et modernes, la création de nouveaux mots à partir de syntagmes prépositionnels doit sa singularité, en grec ancien, à son inscription dans le système des composés : s'il relève à l'origine d'un type particulier de dérivation souvent nommé hypostase, ce véritable procédé de formation lexicale a en effet donné lieu, au delà de l'existence éventuelle d'un syntagme sous-jacent, à des créations analogiques à partir de modèles préexistants ou à des réinterprétations d'autres types de composés par jeu littéraire ou "étymologie populaire".
Des textes mycéniens jusqu'aux traités d'Aristote, quelque quatre cents termes ont ainsi enrichi tous les champs du lexique, aussi bien poétique que technique et scientifique, ou encore moral, politique, économique et religieux ; tandis que certains se sont durablement établis dans la langue grecque, d'autres, simples hapax créés à des fins poétiques ou comiques, ont pu être imités par les poètes de l'époque hellénistique et romaine, ou dans la littérature chrétienne et byzantine.
A travers l'histoire de chaque terme se croisent ainsi les hasards de l'usage, qui peut tout autant conduire à une spécialisation sémantique qu'à une démotivation, et les nécessités de la structuration du lexique, qui entraînent des remotivations au sein d'un même microsystème. Ainsi est illustrée, dans un esprit à la fois philologique et linguistique, l'originalité d'un procédé aux frontières entre morphologie, syntaxe et lexique, qui a donné naissance à nombre de termes, comme encéphale, épiderme, épiglotte, hypocondres, ou épitaphe, éphémère, analogue, paradoxe, encore vivants dans la langue d'aujourd'hui.