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Dès le milieu du XIIe siècle, les Plantagenêt dominent un empire immense. Au coeur de cet ensemble, la Normandie représente un enjeu politique et stratégique majeur et il est essentiel que l'aristocratie y soit soumise et fidèle. Du point de vue de la monarchie-angevine, elle le sera, de gré ou de force ! De gré, parce que les liens affectifs sont une réalité entre le duc et ses vassaux, que beaucoup entretiennent une familiarité avec lui, qu'ils collaborent activement à la défense et à la gestion du duché et, enfin, que le discours idéologique dans lequel ils baignent prône les valeurs chevaleresques, les notions d'engagement et de foi.
De force, parce que garder la loyauté des hommes n'est pas toujours facile. Les Plantagenêt appliquent, à l'encontre de leurs vassaux, une politique oppressive : ils traquent la trahison, punissent, surveillent, contrôlent et exigent... Le mécontentement gronde. Il faut le charisme d'un Richard Coeur de Lion pour maintenir le dévouement d'hommes préoccupés par la préservation de leur patrimoine et leurs propres stratégies de pouvoir.
Les relations entretenues entre le duc et les nobles normands sont la clé pour comprendre les choix de ces derniers au moment de la conquête du duché en 1204. Sous le règne de Philippe Auguste c'est encore cette même problématique de la soumission et de la fidélité qui se pose. La dialectique aristocratie/pouvoir, placée au coeur de l'étude de Maïté Billoré, apporte un éclairage particulier sur la féodalité normande, donne l'occasion de poser la question de la construction identitaire et permet aussi d'appréhender le processus, étonnamment précoce ici, de socio-genèse d'un groupe social.