Dans le jardin, la libellule est morte

J’étais très attiré par cet album jeunesse grâce à la critique que Fabien en avait fait ici-même sur ce site mais je n’arrivais jamais à mettre la main dessus : inexistant en bibliothèque et surtout indisponible en librairie... Et puis voilà que je le trouve sans le chercher en flânant un samedi après-midi parmi les bouquinistes de la Croix-Rousse : hop, cela ne fait pas un pli, je l’acquière pour la modique somme de 5 euros ! C’est un album d’un dépouillement et d’une luminosité incroyable. Le texte est la reprise intégrale d’un poème de Cheon Jeong-Cheol intitulé "Les funérailles de la libellule" : avec des mots simples, le poète coréen nous transmet le cycle immuable de la nature, où toutes les créatures vivantes et mortes s’entremêlent en parfaite harmonie dans un ensemble équilibré et cohérent. Les illustrations délicates et magnifiques de Lee Gwang-ick, toutes en abstraction, viennent renforcer ce sentiment : ainsi, au fur et à mesure de la décomposition de la libellule, des fourmis approchent pour lui rendre hommage et on assiste là à un véritable feu d’artifice plein de couleurs éblouissantes et surtout rempli de vie au final – là où il ne devrait y avoir que tristesse et désolation. Ou comment un phénomène plutôt morbide au départ (les fourmis se rapprochent du cadavre en une lente procession pour se repaître des restes de l’animal) se transforme en une chorégraphie douce et lumineuse... En bref, voici un excellent album pour appréhender le deuil en douceur à partir de 4 ans.

Une libellule est en décomposition dans un jardin fleuri, une procession de fourmis arrive ; et c'est dans la dispersion provoquée par la mort qu'on assiste à une explosion de couleurs et de vie. L'utilisation du lavis est de toute beauté : un gris foncé pour les tiges des fleurs et les fourmis, et une palette de couleurs vives pour représenter la libellule et sa fragmentation en particules. Ces dernières, tournoyantes sous le soleil d'automne, symbolisent un éternel recommencement.