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Je le voyais s'éloigner, la nuque maigre, le crâne chauve, les épaules effondrées. je n'ai pas bougé. J'aurais dû l'appeler, le serrer dans mes bras, lui dire que j'étais heureux qu'il me fasse cadeau, pour me faciliter la vie de tous les jours, des objets qui lui avaient permis d'être lui. Mais je n'ai pas bougé, je n'ai rien dit. C'est aujourd'hui, tant d'années après, que je voudrais le rattraper et le prendre contre moi.
je sais bien qu'il est trop tard, mis j'y reviens sans arrêt. Comme un cul-de-jatte qui a mal aux jambes, j'ai mal à mon père. C'est ça au fond notre histoire. Des gestes qui n'ont pas eu lieu. Des mots que j'ai négligé de dire. Des élans d'amour aujourd'hui périmés qui m'étouffent. Je n'en finis pas d'établir le catalogue des occasions manquées. Le narrateur de Pierre Charras trace le portrait de son père, né en 1911.
Avec des mots justes et simples, il ressuscite les cartes postales nostalgiques d'un bonheur familial fragile. Il se lance à l'assaut de son enfance comme on gravit une montagne. Il se fait archéologue émotionnel de l'histoire paternelle, comme si les mots pouvaient pallier l'absence. Hommage d'un fils à son père disparu, d'un enfant à ses parents, le roman de Pierre Charras est bouleversant.
Nostalgie mélancolique
L'auteur raconte son père, son parcours, et les souvenirs qu'il a des moments passés avec lui.
Il ressort du roman une nostalgie empreinte de mélancolie, une triste mélancolie.
Certains lecteurs peuvent aimer ces humeurs dans les livres.
Pour d'autres, la nostalgie d'une vie passée ne se marie pas uniquement avec tristesse, mais peut aussi être heureuse. Ce type de nostalgie est "pratiqué", par exemple, dans certaines cultures orientales ou africaines.
Pour ces lecteurs-là, l'humeur qui ressort de ce roman sera trop réductrice, amputée d'une part importante de vie.