Bijoux fantaisie, exotiques ou " ethniques " contre bijoux précieux, classiques, " de famille ", les bijoux hier déclinés à tous les temps se conjuguent aujourd'hui à tous les modes au mépris des frontières spatiales et temporelles. C'est en partant de ce métissage moderne et pour approcher l'énigme de la fascination ou du rejet qu'ils suscitent que Patrizia Ciambelli s'est mise à l'écoute des paroles et des pratiques contemporaines. Loin de réduire les bijoux à la somme de leurs usages, à leur dimension historique ou esthétique d'objets précieux, l'ethnologue cherche à en capter les éclats fugaces entre la présence et l'absence, le secret et le dévoilement, l'oubli et le souvenir. Elle jette ici un pont entre présent et passé en éclairant tant les coutumes de jadis attachées à leur acquisition, à leur port, à leur conservation et à leur transmission que les manipulations et innovations actuelles, marques d'une volonté de rupture et de singularisation. Dans tous les cas, acheter un bijou, l'offrir, le vendre, le transformer, le perdre ou l'abandonner sont autant d'actes par lesquels un individu se pose comme personne et affiche la nature des relations qu'il entretient avec les autres. Du côté des femmes surtout, interlocutrices privilégiées en ce domaine, le " parler bijoux " a révélé, tout autant que les singuliers pouvoirs prêtés à ces objets, les manières dont ils scandent et ordonnent des parcours et des destins. Secrets de famille, indiscrètes révélations, amours et ruptures, comme les bijoux qui les signent, peuvent être montrés ou cachés, vrais ou faux, enfouis dans les mémoires comme dans des coffrets et s'en échapper lorsque la parole les entrouvre...