Eclairant chaque époque de ma vie, les poèmes rassemblés dans ce livre tissent un arc-en-ciel qui, déployant ses couleurs sur six décennies d'écriture, marie aux premiers chants, glanés à dix-huit ans en Alsace à la veille de la Seconde Guerre mondiale, mes poèmes les plus récents, cueillis sur un amandier de Jérusalem dans ma soixante-seizième année.
Ainsi s'est effectué, à travers les douze portes érigées autour du labyrinthe du temps et de l'espace, le passage innombrable du vivant. Le poème accompli est tout ensemble objet musical, matière sémantique riche de savoir surgissant, et mouvement de transgression perpétuel. Condamnés à une sorte de forage dans le noir, les poètes, comme les ouvriers descendus à moitié nus dans les mines de charbon ou de fer, creusent la roche langagière en profondeur, afin d'en extraire peu à peu au cours de l'existence les masses de minerai et de houille patiemment arrachées, strate après strate, au ventre de la terre. Cette contradiction déchirante entre la patience infinie et l'extase fulgurante est le paradoxe de la création poétique, un conflit radical auquel nul écrivain ne peut se soustraire. Il a fait de moi un homme un peu en retrait, auteur d'une œuvre en marge de l'actualité immédiate, un esprit voyageur qui brasse dans sa mémoire plusieurs existences simultanées : l'Alsace, l'Amérique, Jérusalem...
Eclairant chaque époque de ma vie, les poèmes rassemblés dans ce livre tissent un arc-en-ciel qui, déployant ses couleurs sur six décennies d'écriture, marie aux premiers chants, glanés à dix-huit ans en Alsace à la veille de la Seconde Guerre mondiale, mes poèmes les plus récents, cueillis sur un amandier de Jérusalem dans ma soixante-seizième année.
Ainsi s'est effectué, à travers les douze portes érigées autour du labyrinthe du temps et de l'espace, le passage innombrable du vivant. Le poème accompli est tout ensemble objet musical, matière sémantique riche de savoir surgissant, et mouvement de transgression perpétuel. Condamnés à une sorte de forage dans le noir, les poètes, comme les ouvriers descendus à moitié nus dans les mines de charbon ou de fer, creusent la roche langagière en profondeur, afin d'en extraire peu à peu au cours de l'existence les masses de minerai et de houille patiemment arrachées, strate après strate, au ventre de la terre. Cette contradiction déchirante entre la patience infinie et l'extase fulgurante est le paradoxe de la création poétique, un conflit radical auquel nul écrivain ne peut se soustraire. Il a fait de moi un homme un peu en retrait, auteur d'une œuvre en marge de l'actualité immédiate, un esprit voyageur qui brasse dans sa mémoire plusieurs existences simultanées : l'Alsace, l'Amérique, Jérusalem...