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Peu d'objets éveillent, comme le livre, le sentiment d'absolue propriété. Tombés entre nos mains, les livres deviennent nos esclaves - esclaves, oui, car de matière vivante, mais esclaves que nul ne songerait à affranchir, car de feuilles mortes. Comme tels, ils subissent les pires traitements, fruits des plus folles amours ou d'affreuses fureurs. Et que je te corne les pages (oh ! quelle blessure, chaque fois, cette vision de la page cornée ! "mais c'est pour savoir où j'en suiiiiiiis ! ") et que je te pose ma tasse de café sur la couverture, ces auréoles, ces reliefs de tartine, ces taches d'huile solaire...
Daniel Pennac