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Tentes, caravanes, mobil homes, cabanes, cabanons, kiosques, chalets, cabines… les abris convertis ou créés à des fins ludiques sont une réalité bien ancrée dans nos vies. A un tel point que ces objets d’une architecture pensée comme temporaire, provisoire, voire précaire dépassent les frontières de la culture occidentale et traversent les âges. D’un point de vue anthropologique, l’abri de loisirs dévoile un habitus manuel inscrit au plus profond de nous.
Il est bricolé, jardiné, techniquement agi et agissant. Sur le plan historique, ces objets divers rejouent le passage du nécessaire à l’accessoire, du sérieux au futile, dans une société des loisirs où la chasse, la pêche, la cueillette et plus largement toute une gamme d’exercices physiques sont devenus accessoires. Depuis la fin du 18e siècle, ils n’ont cessé de se multiplier dans un ensemble de dispositifs pensés pour contrôler les masses, mais aussi dans des contextes de ruse avec les logiques de l’habitat.
Cet héritage déjà long rejoue aujourd’hui les manières de penser la société. Les abris s’adressent à différents âges de la vie, ils semblent avoir un sexe et se métamorphoser selon la condition sociale de son occupant. Dans cette rencontre entre formes d’habitats et loisirs se dessinent de multiples prises sur le monde, croisant destins individuels et collectifs, rejouant la fragile réversibilité de la nature et de la culture.