La Tamanoir

Il m’est aussi délicat de faire un résumé que de faire un avis concis sur ce roman tant il est dense dans son histoire, ses enseignements et sa morale aux nombreuses ouvertures. L’auteur allie la satire politique à des événements fantasy et des histoires personnelles somme toutes banales en apparence. Ceci fait de son œuvre un OLNI (objet littéraire non identifié), dans le bon sens du terme, car il est inclassable et très original. On commence la lecture en découvrant l’histoire de personnages frappés par un drame. Leurs chemins se croisent de nouveau, car tous les protagonistes se retrouvent finalement liés au delà de l’espace et du temps. L’intrigue est donc très riche et nous plonge dans les aventures de personnages forts et plein de mystères. Toutefois, on comprend vite que cette intrigue est là pour développer un point de vue bien plus critique et engagé qu’on ne pourrait le penser à première vue.L’histoire se poursuit en Amérique du Sud, mais pourrait se dérouler dans d’autres parties du globe, tant elle semble familière. C’est une critique universelle d’un système politique qui manipule les masses, contrôle les médias, endort le peuple en lui donnant à manger, lui ôte toute mémoire de son histoire. Et la mémoire est un élément fondamental dans ce roman. Aucun être, aucune société ne peut se construire sans connaître son passé, ses origines, son histoire. Cette prise de conscience est liée dans le livre à des événements fantasy miraculeux, sur fond de légendes ancestrales. Le style est riche, touchant, incisif. L’auteur joue aussi avec un humour grinçant, qui nous fait penser qu’il vaut mieux en rire que d’en pleurer, surtout avec le personnage détestable du président, d’une ingéniosité diabolique pour orchestrer des mises en scène médiatiques. Hypocrisie, machiavélisme, corruption gangrènent une région au cœur des convoitises et des petits arrangements internationaux, pour en épuiser les ressources au détriment du peuple et des autochtones. Une très bonne lecture qui fait réfléchir...