L'un est un ancien activiste politique accusé du meurtre vengeur de son ancien délateur, l'autre est magistrat, entre les deux se tisse un dialogue d'une rare finesse, doublé d'une partie épistolaire : le dernier Erri de Luca est un formidable petit livre. D'une rare intensité, il brasse les thèmes chers à l'auteur : engagement politique, l'Etat, l'individu, la loi, la société, l'amour, la nature et la culture, l'alpinisme.... Et nous emporte dans une réflexion de philosophie politique et existentielle à la fois dense et légère, rappelant en contrepoint "le poids du papillon" que
j'ai également adoré. En plus, un réel suspense tend le texte et aiguise l'appétit du lecteur efficacement.
p129 "C'est le parfait objectif du pouvoir, arriver au plus haut degré d'incompétence et décider de tout. Je vois la société comme une construction faite de matériaux de plus en plus mauvais au fur et à mesure qu'elle progresse vers le haut. Vous vous comportez comme si vous saviez de quoi il retourne. Mais c'est une fiction, la votre et celle de la fonction que vous occupez.
- Vous avez beau vous conviancre qu'il s'agit d'une fiction, pour moi, c'est bien la fonction que l'Etat m'assigne.
-Mettez-le sur un autel pour en faire une idole. Il vous ofre un salaire et vous paiera une bonne retraite. Je reste laic face à l'Etat, je ne partage pas ses liturgies.
-Vous dites que je suis un idolatre de l'Etat. Je me définis au contraire comme un idéaliste. Je crois dans l'Etat et ses institutions. Je suis un fonctionnaire, pas le pretre d'un culte.Mais c'est amusant que vous inversiez les roles : vous, l'idéaliste d'une révolution ratée, vous vous affichez comme un cynique réaliste." Cet extrait est représentatif de l'ensemble du dialogue qui est de haute volée...Le dernier de Luca est une réussite à coté de laquelle il serait dommage de passer....
alpinisme et politique
L'un est un ancien activiste politique accusé du meurtre vengeur de son ancien délateur, l'autre est magistrat, entre les deux se tisse un dialogue d'une rare finesse, doublé d'une partie épistolaire : le dernier Erri de Luca est un formidable petit livre. D'une rare intensité, il brasse les thèmes chers à l'auteur : engagement politique, l'Etat, l'individu, la loi, la société, l'amour, la nature et la culture, l'alpinisme.... Et nous emporte dans une réflexion de philosophie politique et existentielle à la fois dense et légère, rappelant en contrepoint "le poids du papillon" que j'ai également adoré. En plus, un réel suspense tend le texte et aiguise l'appétit du lecteur efficacement.
p129 "C'est le parfait objectif du pouvoir, arriver au plus haut degré d'incompétence et décider de tout. Je vois la société comme une construction faite de matériaux de plus en plus mauvais au fur et à mesure qu'elle progresse vers le haut. Vous vous comportez comme si vous saviez de quoi il retourne. Mais c'est une fiction, la votre et celle de la fonction que vous occupez.
- Vous avez beau vous conviancre qu'il s'agit d'une fiction, pour moi, c'est bien la fonction que l'Etat m'assigne.
-Mettez-le sur un autel pour en faire une idole. Il vous ofre un salaire et vous paiera une bonne retraite. Je reste laic face à l'Etat, je ne partage pas ses liturgies.
-Vous dites que je suis un idolatre de l'Etat. Je me définis au contraire comme un idéaliste. Je crois dans l'Etat et ses institutions. Je suis un fonctionnaire, pas le pretre d'un culte.Mais c'est amusant que vous inversiez les roles : vous, l'idéaliste d'une révolution ratée, vous vous affichez comme un cynique réaliste." Cet extrait est représentatif de l'ensemble du dialogue qui est de haute volée...Le dernier de Luca est une réussite à coté de laquelle il serait dommage de passer....