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Certainement la littérature n'est pas la philosophie, ni la science, même celle de l'homme. Pourtant l'écriture littéraire vise elle aussi à la vérité. A sa manière, et à tous les niveaux où s'élabore la poétique d'un écrivain, c'est-à-dire à tous les instants constituants de son travail, depuis la réalisation fût-ce d'un vers ou d'une phrase jusqu'à la conception des figures puissantes qui gouvernent le sens d'une oeuvre entière.
Ainsi telle scène ou même tel geste du théâtre, telle scansion dans un alexandrin, telle image, telle procédure du récit ou tel être de narration valent-ils comme un axiome, un concept ou un discours philosophiques. Ces "équivalences" de l'un à l'autre domaine de la pensée manifestant la spécificité de chacun en nature et leur égalité, devant la vérité ; et, comme le montre Pierre Campion, ce sont précisément elles qui justifient le recours que certains philosophes et certains anthropologues n'hésitent pas à exercer, au besoin et comme tels, auprès de la littérature.
