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Il y a aujourd'hui dans la psychiatrie française, quoique en partie effacées, des traces laissées par un homme de pensée et d'action, un homme de son siècle : Henri Ey. Catalan pétri d'hellénisme et de philosophie allemande, au caractère entier, de tempérament combatif, et cependant d'une profonde humanité, il a dominé pendant près d'un demi siècle l'univers médical de la folie. Alors connu et reconnu par ses pairs, il était parvenu à regrouper autour de lui les forces vives des psychiatres de sa génération et celles de leurs élèves.
Cette figure médicale attachante, cet homme passionné tour à tour charmeur et possessif, colérique et généreux, a fortement influencé l'histoire de la psychiatrie française. Clinicien chaleureux, enseignant, militant, il a marqué son époque par les nombreux débats théoriques qu'il a suscités et animés, avec d'autant plus d'énergie qu'il en goûtait les joutes verbales comme du miel. Il a été au centre des mouvements de réforme de la psychiatrie contemporaine qui non seulement modifié l'univers asilaire, mais aussi la conception même de la maladie mentale.
Ce personnage sympathique était aussi tonitruant lorsqu'il défendait ses prises de position en matière de maladie mentale et de soin psychiatrique qu'il était discret et délicat quand il s'occupait de ses fleurs ou de ses chats. Il est l'auteur d'une oeuvre théorique féconde, profondément inspirée par sa réflexion sur la maladie mentale, qui a culminé avec ses travaux sur la conscience, et dont la portée, bien au-delà du seul domaine médical, accède aux fondements mêmes de la connaissance de l'homme.
