En cours de chargement...
À découvrir
Marie, la fille de Jean-Louis Fournier, a quitté son travail et son ancienne vie pour entrer en religion. Ou plutôt sous l'emprise d'un pseudo-gourou. Avec beaucoup d'humour et parfois de tendresse, le père se souvient de la fille qu'il aimait tant, et l'attaque à certains moments avec plus de rudesse, car sa fille ne l'épargne pas elle non plus.
Sans le style très agréable de l'auteur, ce livre n'aurait aucun intérêt. Il y a pourtant quelque chose de fascinant dans les sectes et leurs victimes. Mais il ne s'agit pas ici d'une enquête, ni d'un roman qui aborderait les différentes
étapes de l'endoctrinement. Il s'agit d'une lettre d'amour et de colère d'un père à sa fille. Finalement, pourquoi pas ? Sauf que ce n'est pas assez... Les chapitres sont très brefs, le livre très petit, la police énorme. Il y a pourtant de très belles formules, drôles, ironiques, parfois un peu cruelles mais on referme vite ce livre sans qu'il nous laisse un souvenir impérissable.
L'auteur a accepté de laisser le dernier mot à sa fille. La réponse de cette dernière nous met mal à l'aise. Comme si on avait oublié un instant que nous étions des indiscrets regardant par le trou de la serrure d'une histoire familiale.
Marie, la fille de Jean-Louis Fournier, a quitté son emploi de graphiste et est partie en province pour chercher Dieu. Elle semble être tombée sous l'emprise d'un ex-séminariste, ex-chargé de cours et auteur d'une thèse jamais achevée. Elle était belle, elle était intelligente, elle était drôle et voilà qu'elle est devenue terne, bornée, cassante et sans humour. Elle accuse même son père d'être une sorte de cabot radin et égoïste quand celui-ci refuse de « subventionner » sa recherche de sainteté... Le pauvre ne comprend pas ce qui lui arrive. Que s'est-il passé dans la
vie de sa fille pour qu'elle adopte ce genre de vie, qu'elle l'abandonne alors qu'il a déjà perdu sa femme et ses deux fils handicapés et qu'il croyait que sa fille l'aimait et le comprenait ?
Ce très émouvant ouvrage se présente sous la forme d'une sorte de long dialogue-monologue dans lequel l'auteur alterne les personnes (seconde et troisième du singulier) selon qu'il s'adresse à la Marie d'avant ou à celle de maintenant, ce qui donne un effet de style très efficace tout comme les vrais-faux extraits de correspondance qui sont autant de dialogues de sourds. Inutile de revenir sur le style minimaliste, cette extraordinaire faculté, cette grâce qui permet à Fournier de dire ou suggérer tant de choses avec si peu de mots. Tout est analysé ou évoqué avec finesse, intelligence et talent. Il faut être parent soi-même et avoir vécu l'expérience déstabilisante d'une telle métamorphose (entrée dans une secte, déchéance dans l'alcool, la drogue, le jeu et autres addictions...) pour comprendre à quel point le ton de Fournier est juste et efficace et entrer en empathie avec sa souffrance. A noter toutes sortes de jolis aphorismes sur la religion, l'humour, l'amour paternel ou filial. Encore un très beau texte, bien entendu pas dans la veine du Fournier humoriste, mais plutôt dans celle du poète, du philosophe et de l'humaniste. Mélancolique, intimiste et magnifique. L'amour peut aussi faire souffrir.
Cet ouvrage est pour moi un ovni.
Jean-Louis Fournier fait preuve d'un réel talent littéraire, d'un vrai sens de la formule, avec des mots biens choisis et un ton caustique à souhait. On reconnaît sa plume. Le style est impeccable, la plume aiguisée.
L'histoire, le témoignage apparaissent bien déroutants, difficiles à qualifier. J'avoue avoir été décontenancée par moment par les propos durs décrivant cette relation père / fille.
L'ouvrage brille avant tout grâce au style de l'auteur.
... d'un père à sa fille ! Traitée avec beaucoup d'humour, c'est la douleur d'un père qui a vu sa fille s'éloignée. Le fait qu'elle aie trouvé sa voie dans la religion est un prétexte pour rire d'une situation que chaque père/fille rencontre : la rencontre avec l'autre, l'homme qui va voler la fille. Un beau texte.
Encore une fois, au-delà de la polémique qu'a pu susciter ce roman, c'est avant tout l'amour d'un père pour sa fille que j'ai ressenti au fil des pages.
A croire que le destin s'acharne sur cet homme : après la perte de ces deux fils lourdement handicapés, la séparation d'avec sa femme, la mort de sa deuxième épouse, cette fois, c'est sur la distance que la religion a instauré entre lui et sa fille que Jean-Louis Fournier écrit. Une fille qu'il adore et qu'il voit se métamorphoser après qu'elle ait rencontré Monseigneur et, par son intermédiaire, Jésus Christ et la religion catholique.
Tout
est raconté avec l'humour si caractéristique de l'auteur, qui peut en choquer certains, mais qui lui permet de mettre de la distance et certainement de mieux supporter son sort. S'il est sévère dans le portrait de cette fille qu'il sent s'éloigner et qu'il espère néanmoins retrouver, il ne s'exempte nullement de défaut. D'ailleurs, le droit de réponse de sa fille, publié à la fin, montre une femme qui se dit heureuse et qui n'est pas dénuée d'une qualité de plume, parfois pleine d'humour, à d'autres moments plus prosélytiste. Plume dans laquelle on peut voir ce lien entre père et fille.
Entre amour et incompréhension, c'est donc bien une vision de sa réalité que l'auteur nous propose. Il la met en mots, la tourne comme il le souhaite pour construire ce roman, un petit livre vraiment émouvant et plein de tristesse. On peut reprocher à l'auteur de laver son linge sale sur la place publique, au lieu de garder cela en famille. Soit. On pourrait opposer à cela que les auteurs, de tout temps, se sont largement inspirés de leur vie personnelle dans la réalisation de leurs œuvres. Dans tous les cas, cela n'enlève rien à la qualité de ce roman dont le sujet, encore une fois, me semble être davantage un cri d'amour d'un père à sa fille.
Cet court opus (150 pages), lettre à sa fille aux yeux du monde comme dit cette dernière dans un droit de réponse inédit au moins aussi dérangeant que la prose de son père en fin d'ouvrage , se lit très rapidement.
Structuré en chapitres très courts (parfois réduit à une seule phrase), on retrouve dans ce livre une véritable déclaration d'amour d'un père à sa fille "porté disparue" (comprendre par la qu'il ne la voit plus).
On dit souvent qu'écrire est une thérapie... qu'il vaut mieux externaliser ses douleurs, attentes, critiques, demandes, etc... que de tout garder en soi!
Mais
doit on tout rendre public? C'est la question à se poser ici en refermant la dernière page de ce livre...
Un récit fort... et dérangeant où l'humour noir (habitude de l'auteur) se mélange avec la tristesse d'un père se sentant abandonné après avoir vécu des moments très heureux avec sa fille et la peine qu'il ressent...
A lire!
Comme dans " où on va papa ", Jean Louis Fournier nous fait entrer dans son intimité. Ce livre est une lettre à sa fille qui a choisi de devenir religieuse. Avec force, violence parfois, humour souvent, et beaucoup de tendresse surtout, l'auteur parle de sa douleur face à cette fille devenue, selon lui, lointaine, sombre et endoctrinée. J'ai été émue par ce récit mais je peux comprendre que certaines sensibilités soient heurtées par ce texte qui comme pour " où on va papa " ne peut, je crois, pas laisser indifférent. A vous de juger.
Un monologue caustique sans intérêt à mes yeux.Un père qui juge sa fille même par amour je ne trouve pas cela agréable. Un tout petit plus pour la réponse de sa fille qui semble lui dire :"et toc"!
Puisqu’il faisait partie de la sélection reçue par Entrée Livre, j’ai dû m’y coller. Mais j’aurais pu m’en passer.
J’ai lu il y a quelques années le titre “Où on va, Papa ?” dans lequel monsieur Fournier racontait sa vie en compagnie de ses deux fils handicapés et je n’avais pas aimé. Pire, son texte m’avait heurtée. Et j’ai préféré la plume de son ex-épouse qui a utilisé son droit de réponse via un blog (toujours consultable).
Ici monsieur Fournier raconte sa fille qui se consacre à une vie pieuse. Je conçois que ce ne soit pas facile pour un père, dans
le fond ce texte est touchant : l’enfant perdu, l’enfant qui change, l’enfant qui choisit un autre chemin que celui souhaité par ses parents. Son récit/roman est truffé de tendresse, de souffrance et d’amertume mêlées. Mais moi ça me gêne et ça m’agace et puis ça m’ennuie aussi.
Juste avant la sortie officielle en librairie je disais attendre une réponse de la concernée. Et bien le livre est maintenant vendu en version augmentée. Sa fille, personnage principal, a pris la parole comme on pouvait s’y attendre et clôt le texte de sa réponse.
Alors bon je m’interroge sur l’utilité pour nous lecteurs d’une telle publication en pleine rentrée littéraire. Que ça touche les personnes qui vivent la même situation, soit. Mais que ça génère beaucoup d’argent parce que beaucoup médiatisé et publié au meilleur moment, mouais.
Quelle belle déclaration d'amour à sa fille, même si l'on retrouve cet humour décapant, fait d'ironie et bons mots , Jean-Louis pousse un véritable cri d'amour .
Derrière son écriture acérée et ses reproches , on perçoit différents sentiments mêlés, la jalousie, le manque, la peur de la solitude et de la mort.
Allez, revenez avant qu'il ne parte !
Un grand merci à Entrée livre et aux librairies Decitre pour m'avoir, dans le cadre de l'opération "Coups de cœur des lecteurs", offert l'opportunité de découvrir ce livre en avant-première.
Faut-il le confesser ? Je n'avais jamais encore lu aucun Fournier. N'en ayant cependant entendu - presque - que du bien, c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai trouvé son dernier opus dans le colis des Lecteurs VIP de la rentrée littéraire d'Entrée livre dont j'ai la chance et l'honneur de faire partie pour le cru 2013.
Culture générale oblige, je savais de l'auteur qu'il s'illustrait
particulièrement dans la narration autobiographique des épreuves existentielles sans toutefois tomber dans le pathos dérangeant, l'impudeur déplacée ; les plus connus peut-être : Où on va papa ? (Femina 2008) dans lequel il évoque la vie avec puis la perte de ses deux fils handicapés, ou encore Veuf relatant la disparition de la femme de sa vie. C'est donc sans réelle surprise que j'ai découvert dès les premières lignes que la nouvelle production littéraire de Jean-Louis Fournier n'avait rien de romanesque mais qu'il s'agissait du cri intime public bien réel d'un père en détresse à destination de sa fille égarée, recluse obtuse entrée en religion d'un pseudo gourou catholique ayant raté sa vocation.
Deux enfants handicapés, trois deuils et une fille en rupture de lien... Dis comme ça, rien de très engageant ! Ce serait sans compter l'écriture délicieusement impertinente de celui qui a fait sienne la maxime de son défunt compère Desproges : "l'humour est la politesse du désespoir".
Véritable épître au nom du père à sa fille Marie - si bien nommée - auprès de laquelle il n'est plus en odeur de sainteté, Fournier revêt une fois encore sa plume de papa désemparé, tantôt touchante, tantôt enragée, pour partager son affliction, son incompréhension, sa nostalgie, son amour à sens unique. L'alternance des "tu" et des "elle" qu'il adresse à sa fille symbolise avec ostentation cette dé-connaissance de sa chair. Sans jamais se dérober de l'indispensable auto-critique, il pique où ça fait mal et détourne à maintes reprises la terminologie religieuse comme pour mieux se rapprocher du nouvel univers de sa dernière enfant vivante mais comme morte intérieurement. Si jamais il ne se défait de sa tendresse facétieuse et de son écriture légère même quand il peste, qu'il enrage, il enfonce malgré tout le clou de la gravité, du drame, dans son dernier chapitre et surtout la dernière phrase, qui tombent comme un couperet.
Un récit intime bouleversant évoquant, malgré sa singularité, l'universalité de la complexité de la relation père-fille et dénonçant les sectarismes de tous poils. D'aucuns pourront reprocher à l'auteur de ne cesser de laver son linge sale en public. Moi qui suis particulièrement réticente aux grands déballages, je ne vois ici "qu'un" texte hautement littéraire, poignant, drôle et surtout d'une extrême justesse, d'une infinie authenticité.
Ne reste plus qu'à souhaiter à l'auteur que sa fille reçoive, entende, cette missive du cœur...
Nous vous saluons Marie.
Jean-Louis Fournier nous parle de son troisième enfant, il lève le voile sur sa fille. Dans de petits chapitres, il nous montre l'amour d'un père pour sa fille qui est drôle, intelligente mais qui est parti et a changé. Elle a rencontré « Monseigneur », dont on ne sait pas trop s'il est prêtre ou gourou. On sait avec Le CV de Dieu que l'auteur ne porte pas ce dernier dans son cœur, ce qui donne un côté mordant à ce livre.
Ce roman s'inscrit dans la lignée de "Où on va Papa". Jean-Louis Fournier nous fait sourire, rire, pleurer. Pourtant, ici apparaît une pointe de nostalgie
qu'on ne lui connaissait pas. Il revient sur sa vie d'auteur, sur ses succès et conclue son livre par : « Reviens , avant que je m'en aille ».
Jean Louis Fournier est adepte le l’humour qui fait mal. C’est souvent salutaire et je l’apprécie.
Quand il se l’applique à lui-même dans « Mon dernier cheveu noir », on rit de bon cœur. Quand il s’attaque à son père alcoolique dans « Il n’a jamais tué personne mon papa » on est un peu gêné mais on sourit en pensant qu’après tout, le pauvre homme, mort et enterré, n’en saura rien. Quand il l’exerce aux dépends de ses deux enfants handicapés dans « Où on va papa » on rit encore, un peu jaune certes, mais les pauvres garçons ne savent pas lire et on sait
qu'ils n’en souffriront pas.
Seulement voilà : dans « La servante du seigneur » il démolit sans ménagement sa fille unique qui elle, est bien vivante, sait lire, et doit prendre ce violent réquisitoire, venu de son propre père, comme un coup de poing en pleine face. L’attaque est rude et on a du mal à comprendre comment un père, qui se dit aimant, peut décider de livrer ainsi sa fille en pâture au public, sans précaution.
Dans les critiques que je lis ici, je n’entends parler que de la souffrance d’un père. Je ne la nie pas. Mais personne n’évoque les conséquences psychologiques d’un tel texte sur une jeune femme dont la vie a certainement été très perturbée dès l’enfance par la présence de ses deux frères handicapés. Elle aurait certainement plus besoin de compréhension et d’écoute que de cette condamnation paternelle sarcastique et sans appel. D’autant qu’il semble, à la lecture attentive de l’ouvrage, que les relations père/fille soient loin d’être aussi distendues que l’auteur ne le dit. Beaucoup de parents aimeraient recevoir des confidences aussi personnelles de leurs enfants.
Quand à l’Humour il peut faire très très mal. Et ce père devrait savoir que manié comme une arme, il peut tuer.
Continuant sur sa veine autobiographique qui fait en partie le succès de ses ouvrages, Jean-Louis Fournier adresse cette rentrée une (presque) supplique à sa fille, un peu disparue. Je dis un peu disparue car elle est bien vivante, mais tombée dans un mysticisme sectaire.
Après "Où on va, papa ?" témoignage lucide et poignant sur ses deux fils handicapés cérébraux et "Veuf" l'an passé, sur le décès de son épouse, voici que nous en apprenons plus sur sa fille... devenue bigotte 200 %, ayant troqué les couleurs vives pour le loden sombre. Totalement intolérante, elle fuit le monde
réel et surtout son père.
Brisé, anéanti, (et on peut le comprendre vu les épreuves endurées par cet homme), il écrit ses espoirs, ses interrogations, ses regrets. Cette fois-ci, même si l'humour pointe toujours un bout de son nez au détour d'une phrase implacablement lucide, on sent une infinie tristesse parcourir ces pages. Au soir de sa vie, Jean-Louis Fournier aimerait bien retrouver sa fille, la vraie, la vivante, la gaie, celle qui était une talentueuse graphiste. Seulement celle-ci est enfermée, dans un système de pensée intégriste qui la rend inaccessible.
Cette souffrance supplémentaire de l'auteur émouvra bien sûr ses lecteurs réguliers. Les autres, les nouveaux, seront touchés aussi, car, au-delà de l'anecdote, il y a les pensées de l'écrivain qui sait si bien jouer avec les mots, les triturer, les retourner, les associer pour dresser un tableau touchant et vibrant comme cette vie qui fuit hélas peu à peu.
Cependant, je mettrai un petit bémol économique. 14 euros pour, aller, en gros, une demi-heure de lecture....ce n'est pas un peu cher ? Et puis, dans quelques années (le plus tard possible j'espère), tous les droits d'auteur tomberont dans l'escarcelle de cette illuminée qui n'attend que le trépas de son père, allant même lui demander par courrier quand est-ce qu'il va enfin se décider à quitter cette terre. Je tique voyez-vous, surtout qu'il semblerait que l'héritage ne servira pas à quelques bonnes oeuvres mais plutôt à remplacer l'actuel rutilent 4x4 et son intérieur cuir...
Il faut que je sois généreux si je veux gagner une place au paradis. Si vous avez aimé les deux précédents témoignages familiaux de l'auteur, ne vous privez pas de cette "Servante du Seigneur" (J'ai du me reprendre à quatre fois pour que la majuscule à" seigneur" veuille apparaître), c'est encore une belle leçon de lucidité face aux épreuves de la vie et toujours teintée de cette humanité humoristique des gens qui souffrent.
N’étant pas fan de religion, j’avais quelques doutes quant à attaquer cette lecture. Le livre étant très court, à peu près 150 pages, je me suis finalement décidé en me disant qu’au pire, il serait vite lu.
Et effectivement, il fut vite lu. Une heure tout au plus. Mais contrairement à ce que je pensais, j’ai passé une heure de pur bonheur. Ce livre nous plonge dans la peau d’un père qui voit sa fille s’éloigner pour rentrer au service de Dieu. Elle rentre dans les ordres. Mais elle est surtout aux ordres.
Ce livre nous montre comment quelqu’un peut changer du
tout au tout en très peu de temps, comment on peut s’isoler, s’éloigner des gens qu’on aime, s’inventer un passé, devenir un inconnu pour notre famille, notre entourage.
L’auteur, que je ne connais pas du tout, a un style que j’ai immédiatement adoré, il est acerbe, incisif. On peut diviser le livre en deux parties, la première ou le père ne comprend pas pourquoi sa fille qui avait tout pour réussir, va s’enfermer dans ce monde étrange. Il se moque beaucoup, car il ne comprend pas. On sourit, on rigole même, oui certains passages m’ont beaucoup amusé tant ils sont criants de vérité. Je ne suis pas sûr que des personnes religieuses apprécient ce livre. Ne l’étant pas, j’ai tout simplement adoré.
La seconde partie du livre est moins tranchante, le père commence à se faire vieux et il n’a plus envie de lutter contre sa fille, il veut simplement être auprès d’elle avant qu’il ne soit trop tard. Dans cette partie, l’auteur sait nous émouvoir, on est vraiment peiné pour ce pauvre homme qui avait pourtant bien élevé sa fille.
Je remercie Entrée et Livre et la librairie Decitre de m’avoir inclus dans leur panel de lecteurs VIP pour cette opération de la rentrée littéraire "Coup de cœur des lecteurs"
Jean-Louis Fournier a écrit un Hymne d’amour à sa fille Marie « entrée en religion ». Oui, mais quelle religion ? Mis à part Monseigneur qui a étendu son emprise sur elle, nul couvent ou ordre religieux ne se profilent. « Monseigneur ne me paraît pas très catholique. Je ne lui donnerais pas le bon Dieu sans confession. »
« Elle est dans les ordres ou elle est aux ordres ?».
Elle a fait vœu
de pauvreté, mais demande, à son père, un 4x4 intérieur cuir et une pension…. « Elle voudrait être une sainte subventionnée ». « Heureusement qu’elle a fait vœu de pauvreté, sinon elle m’aurait demandé une Rolls-Royce ».
Jean-Louis Fournier écrit « S’ils plaisantent, c’est peut-être pour être moins malheureux.
L’humour est un antalgique, on l’utilise quand on a mal ». C’est ce qu’il fait dans ce livre d’une fort bien belle façon, à la manière des désespérés, il invite même Desproges, son compagnon, à son secours.
Parodiant une des dernières paroles du Christ, il écrit « Fille, Pourquoi nous as-tu abandonnés ? »
Il lui pose et se pose beaucoup de questions, voudrait comprendre :
« Peut-être qu’à la différence des piles, les sentiments s’usent quand on ne s’en sert pas ».
« Pourquoi maintenant c’est si difficile ? »
« Pourquoi, maintenant que tu dis être heureuse, que tu déclares être sur terre pour le bien des autres, tu t’es durcie ? »
Pourquoi, depuis que tu es à Dieu, tu es odieuse ? »
Que peut-il espérer d’autre que le bonheur de Marie ; « L’important, c’est qu’elle soit heureuse. Est-ce qu’elle est heureuse ? »
Au fil des années, il ne partage plus grand-chose avec sa fille et c’est terrible pour lui « Je ne l’ai pas invitée au Théâtre du Rond-Point pour voir mon dernier cheveu noir. Je n’ai pas eu envie qu’elle vienne. » Quelle phrase terrible et horrible
Petit livre qui se lit très vite, mais poignant et qui ne se laisse pas oublier. Le sectarisme enferme et coupe de tout. « Sectaire, ça commence comme sécateur, ça coupe. Ça coupe des parents, ça coupe des amis, ça coupe du monde professionnel, ça coupe du monde tout court. ».
Et puis, il y a l’attente, cette attente de la voir quitter son gourou, revenir à son travail de graphiste qu’elle aimait tant. Jean-Claude Fournier avec l’humour acide du désespéré, souffre. Sa détresse affleure à chaque phrase, mais il ose quémander avec cette supplique : « Reviens, avant que je m'en aille. »
J’ai lu de lui Poète et paysan où il y avait déjà cet humour noir et acide. D’autres sont dans l’attente. Jean-Louis Fournier est une belle personne, normal puisqu’il a travaillé avec Desproges en réalisant « La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède » !
N’hésitez pas, lisez-le, c’est un petit bijou d'humour du désespoir.
D'un père à sa fille...
La servante du Seigneur pourrait presque être qualifié de roman épistolaire puisque, par des chapitres très courts, Jean-Louis Fournier envoie une multitude de messages à sa fille.
Au fil des pages, le lecteur découvre, cachée sous l'humour et l'ironie propre à l'auteur, toute sa souffrance de ne plus reconnaître sa fille parce que, le constat est là : entre Marie et Jean-Louis, la rupture est consommée.
Alors que le lecteur n'a pas le point de vie de Marie, chaque chapitre crie l'Amour d'un père qui lui rappelle les beaux souvenirs, leurs coups de gueule et leurs coups d'Amour comme pour lui demander de revenir le serrer dans ses bras avant qu'il ne disparaisse.
Comme avec Où on va, Papa ?, cela pourrait ressembler à un règlement de compte, mais l'humour et le sarcasme cachent avant tout le chagrin et la douleur de Jean-Louis Fournier offrant un recueil poignant, souvent drôle, souvent triste, mais toujours émouvant.
"Je connais des gens heureux qui ont l'air triste et des gens malheureux qui plaisantes toujours.
S'ils plaisantent, c'est peut-être pour être moins malheureux.
L'humour est un antalgique, on l'utilise quand on a mal."