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Quand l'auteur du Dictionnaire de la réforme arrive à Matignon en mars 1993, il est l'homme du changement. Edouard Balladur a en effet confisqué à la gauche l'idée de la réforme pour la faire sienne. Mais peut-il seulement appliquer son programme ? Celui qui prétendait que "les socialistes représentent l'ordre conservateur et la droite l'émancipation libérale" sera-t-il mis en contradiction avec lui-même ? Comment revenir sur les avantages acquis sans brutaliser les Français ? Faut-il résister à la fougue des Nicolas Sarkozy, Alain Madelin ou Charles Pasqua ? Balladur serait-il l'héritier caché d'un François Mitterrand qui a compris que la France n'aimait pas qu'on la bouscule ? Ne serait-il pas semblable à un médecin qui conclurait, en guise de diagnostic : la vérité est-elle utile à celui à qui on la dit ? De la loi Falloux au C.I.P., du plan social d'Air France à la politique de la Ville, du problème des retraites à celui du gouffre toujours béant de la Sécurité sociale, les reculades ne manquent pas.
Nous avons ici le bilan de deux années de pouvoir à Matignon. Eric Zemmour, d'un ton vif, campe un portrait d'Edouard Balladur entre le cynique et le prudent, entre le stratège de l'ombre et le rassembleur de la scène politique. Sans oublier la vraie question : Est-il possible de gouverner autrement ?
