« c'est mon problème, je ressens tout. Sans doute parce que, à l'instar des aveugles, qui développent un odorat extrème, j'ai, pour combler le vide en moi, développé une sensibilité rare aux choses de ce monde. » P35.
Sur quelle identité se fonder quand on n'a perdu la mémoire et qu'on se retrouve à errer jour et nuit à Roissy ? La narratrice de ce roman n'en possède aucune et s'en accommode en regardant les flux de voyageurs, le ballet des avions, comme fascinée par ce foisonnement d'histoires possibles qu'elle se raconte pour ne pas affronter la sienne... Des rencontres, une
en particulier, vont ouvrir une brèche dans son amnésie ; en un sens ce roman est le récit d'un éveil, comme en suspens entre deux avions, jamais totalement accompli, et sa poésie irradie l'aube ténue qu'il dépeint. C'est aussi une métaphore de notre condition humaine, et son auteur s'y entend pour, en quelques tableaux, planter le décor qui constitue presqu'un personnage -l'aéroport, et faire varier les perspectives (la vision de Liam, l'un des ses « collègues » SDF, transparaissant dans ses écrits que corrige l'héroine, est à ce titre intéressante : issue d'un délire, elle n'en reste pas moins légitime...) autour d'un monde qui, s'il (semble) brise(r) parfois certaines destinées, nous offre toujours des occasions d'aimer.
Un très joli roman.
d'autres vies que la sienne.
« c'est mon problème, je ressens tout. Sans doute parce que, à l'instar des aveugles, qui développent un odorat extrème, j'ai, pour combler le vide en moi, développé une sensibilité rare aux choses de ce monde. » P35.
Sur quelle identité se fonder quand on n'a perdu la mémoire et qu'on se retrouve à errer jour et nuit à Roissy ? La narratrice de ce roman n'en possède aucune et s'en accommode en regardant les flux de voyageurs, le ballet des avions, comme fascinée par ce foisonnement d'histoires possibles qu'elle se raconte pour ne pas affronter la sienne... Des rencontres, une en particulier, vont ouvrir une brèche dans son amnésie ; en un sens ce roman est le récit d'un éveil, comme en suspens entre deux avions, jamais totalement accompli, et sa poésie irradie l'aube ténue qu'il dépeint. C'est aussi une métaphore de notre condition humaine, et son auteur s'y entend pour, en quelques tableaux, planter le décor qui constitue presqu'un personnage -l'aéroport, et faire varier les perspectives (la vision de Liam, l'un des ses « collègues » SDF, transparaissant dans ses écrits que corrige l'héroine, est à ce titre intéressante : issue d'un délire, elle n'en reste pas moins légitime...) autour d'un monde qui, s'il (semble) brise(r) parfois certaines destinées, nous offre toujours des occasions d'aimer.
Un très joli roman.