La Griffe du Chien raconte la lutte entre les narco-trafiquants et les Etats-Unis des années 1970 au début des années 2000.
Art Keller, membre de la DEA (Drug Enforcement Administration, administration américaine chargée de la lutte contre la toxicomanie), participe à l'opération Condor qui vise à détruire les champs de pavot et de cannabis, qui se révélera un échec et permettra paradoxalement l'émergence d'une nouvelle organisation des cartels dominée par Tio (oncle) Barrera puis par ses neveux Adan et Raul avec qui Art s'est lié d'amitié.
Cette lutte va devenir une affaire
personnelle entre Art et Adan, à la suite de l'enlèvement et de la mort d'Ernie Hidalgo, agent de la DEA, alors même que les Etats-Unis ferment les yeux, estimant que l'affaire est réglée depuis l'opération Condor.
Les frères Barrera vont constituer la Fédéracion Barrera, la plus puissante du Mexique, et écraser tous ceux qui leur résistent : meurtres, corruption généralisée, intimidation : plata o plomo, argent ou plomb.
La Fédéracion Barrera sera une véritable organisation commerciale multi-nationale, offrant services et protection à tous les trafiquants : transport de la drogue, silence des autorités, boeings 727, blanchiment d'argent.
Art Keller sacrifiera tout, utilisera les mêmes méthodes que les narco-trafiquants, il deviendra un damné.
Callan, mafieux irlandais, est un personnage gris, qui va passer de l'autre côté en devenant mercenaire.
Nora, prostituée de haut vol, maîtresse d'Adam, va elle aussi jouer un double jeu...
Don Winslow nous fait plonger dans l'envers du décor de la lutte des Etats-Unis contre les narco-trafiquants : alliance trouble avec les Escadrons de la Mort de divers pays qui luttent contre l'influence communiste, armes contre drogue pour alimenter les contras, gouvernement mexicain corrompu au plus haut niveau.
C'est à ce sujet un fidèle reflet de la réalité : de l'assassinat en 1985 de Enrique Camarena (Ernie Hidalgo dans le livre), agent de la DEA, à celui du Cardinal Juan Jesus Posadas Ocampo (l'archévêque Juan Parada dans le livre), en passant par l'implication de la CIA dans le trafic de drogue, tout est vrai, faisant de ce livre un formidable documentaire qui a dû nécessiter un travail de recherche important.
C'est aussi un roman épique, nous faisant vivre la désillusion d'Art Keller, la violence terrible (plusieurs dizaines de milliers de morts au Mexique), l'absence de pitié des hommes malgré leur foi catholique, le caractère illusoire et l'échec de la lutte contre les narco-trafiquants en raison de la demande insatiable de drogue des Américains.
Comme à l'habitude, l'écriture de Don Winslow est fluide, toute consacrée à son sujet, sans circonvolutions, sérieuse (on ne retrouve pas le côté Dingo de Savages par exemple).
L'auteur atteint à mon sens des sommets dans ce livre, à l'égal de l'American Tabloid de James Ellroy ou du Parrain de Mario Puzo.
Chef d'oeuvre à lire et à relire !
Alors que sort ENFIN le dernier opus de la trilogie de Don Winslow sur le célèbre agent de la DEA Art Keller, une seule chose s'impose : relire la Griffe du chien et Cartel !!! Quant à ceux qui ne connaissent pas encore ce chef d’œuvre de la littérature américaine, vous passez sans aucun doute à côté de l'un des meilleurs romans policiers. James Ellroy était grandiose, Don Winslow est explosif ! Un style mordant, 800 pages qu'on dévore littéralement, un travail de fond documenté à souhait (on notera les références à de nombreux faits réels sur cette guerre des États-Unis contre les narco-trafiquants).
Accrochez-vous à votre livre, ici on cause sérieux... Même Pablo Escobar passerait pour un figurant à côté de ce qui vous attend ici !
Un dernier conseil, jetez-vous corps et âme dans cette trilogie, savourez-là comme l’œuvre grandiose qu'elle est et soyez certain que cette lecture vous accompagnera à tout jamais dans un coin de votre tête.