La rencontre est une aventure qui, au-delà des seuls destins individuels, engage l'humanité. Depuis le big bang, création originelle brutale, les rencontres se perpétuent dans nos existences pour y produire du sens. La rencontre, nom donné par Moïse à la tente nomade qui, dans le désert, abritait l'Arche et le Témoignage, devient confrontation à l'étrange, l'étranger. Cet autre, Dieu ou simple mortel, engage, s'engage et nous engage : épreuve du désordre, la rencontre est déjà rupture avec ce qui la précède. Y aurait-il quelque intérêt, pour la citoyenneté, à oser la rencontre avec l'insoutenable différence de vies et de morts perçue au détour d'une situation, d'une langue, d'une culture, d'une histoire, d'un style, d'un regard, d'un corps, d'un acte ? Y aurait-il quelque intérêt pour le travail social à ritualiser, au quotidien professionnel, des rencontres d'homme à homme, et ce faisant d'enfin se départir d'une insidieuse désignation sociale d'individus ou de populations en difficultés ? La rencontre s'origine dans différents discours anthropologique, éducatif, historique, littéraire, pédagogique, philosophique, poétique, politique, psychanalytique, sociologique, théologique... - qui prennent ici le risque d'une rencontre, d'une confrontation.