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Ici, la fiction s’appuie sur la réalité, puisque Bernard de Cazenac et sa femme Alix ont existé. On se retrouve rapidement en immersion totale dans ce court roman bien documenté. L’auteur nous rappelle que cette période fut très violente et sanglante, reflet de l’intolérance et de la peur de l’inconnu. J’ai beaucoup aimé suivre ce couple, voir avec eux que la vie peut-être agréable comme effrayante, de constater à quoi peut mener un certain fanatisme religieux. Difficile de ne pas se projeter en arrière dans le temps quand on est une enfant du pays! Et puis, le catharisme
m’a toujours fascinée, allez comprendre pourquoi, alors que je ne crois absolument pas en une entité quelconque présente dans les cieux, peu importe ce qu’elle est sensée y faire d’ailleurs!…
L’écriture est agréable, l’auteur ne prend pas parti pour l’un ou l’autre camp, bien que le récit soit focalisé sur les cathares. Ainsi il montre des atrocités commises par les deux groupes religieux.
Bien qu’il s’agisse d’un énième roman sur les cathares, le fait que le tout soit vraiment bien documenté nous fait presque oublier l’histoire du talisman, nouvelle forme du trésor "perdu" du catharisme.
J’ai tout de même noté un détail qui m’a paru déplacé. En effet, on peut lire, page 70:
- Par Dieu, tu es cathare! s’écria Bernard en lâchant un abominable juron.
Hors, il me semble que les cathares n’utilisaient jamais ce terme, qui serait plutôt une désignation "moderne". Mais comme je ne suis pas une spécialiste, je peux me tromper.
En bref, un roman court mais efficace.
Enfant adoptée, Cécile Ladjali grandit dans un foyer aimant mais dans lequel les silences et les non-dits ont une place importante. Avec son visage mat, ses cheveux noirs et son nom de famille kabyle "qui ne sonne pas français", elle a du mal à se construire, d’autant qu’elle ne sait rien ou presque de sa mère biologique, mis à part qu’elle est iranienne.
C’est un texte fort par sa justesse et son honnêteté. Ici pas d’apitoiement, l’auteure nous dévoile son passé et ses origines de façon non déguisés, de manière assez brutale parfois, comme elle l’a elle-même découvert.
C’est en effet lorsqu’elle deviendra mère à son tour qu’elle découvrira qu’avant de se prénommer Cécile (comme la Sainte aveugle), elle s’appelait Roshan qui signifie "lumière" en perse. De là va s’imposer à elle une quête d’identité, une recherche de ce qui dépend de l’inné et de l’acquis.
Elle nous montre également son parcours atypique: alors que chez elle, tout n’est que silence et parole retenue concernant ses origines afin de ne pas s’attirer les foudres d’un père violent bien qu’aimant car ne sachant pas comment dire les choses, ce sont pourtant les mots qui vont lui permettre de se construire pour aborder la vie d’adulte et de se reconstruire face aux révélations de ses origines.
Shâb ou la nuit est un roman autobiographique dévoilant les difficultés diverses de l’adoption, perçues par les adoptants et les adoptés, et nous montrant également le pouvoir constructif des mots et celui plutôt destructeur du silence.
Hitchcock, roman
Alfred Hitchcock est une figure incontournable du cinéma. Ayant vu "Les Oiseaux" et "Fenêtre sur cour", ce roman était l’occasion d’en savoir un peu plus sur ce réalisateur. Mais attention, il ne s’agit pas d’un livre sur le cinéma! Ici, René Bonnell fait passer l’homme de l’ombre au premier plan de cette fiction. En effet, le rôle principal est tenu par Hitchcock dont on découvre la face cachée: un homme torturé par son éducation et son apparence, névrosé, meurtri dans son corps et dans son rapport avec les femmes. Son intimité ainsi dévoilée, on se fait une autre image de cette personnalité. J’ignorais les rapports qu’il avait eu avec certaines de ses actrices, notamment Tippi Hedren, héroïne de "Pas de printemps pour Marnie" et "Les Oiseaux". Transposer de tels faits dans une fiction est un exercice ici réussi, bien que le lecteur novice en cinématographie (dont je fais partie) puisse parfois être un peu perdu. Les références au cinéma sont omniprésentes, que ce soit en citant des titres de film d’Hitchcock ou lorsque l’auteur décrit une scène du point de vue du réalisateur comme si celui-ci était en train de tenir une caméra.
René Bonnell nous fait redécouvrir grâce à ce roman le maître du suspense de façon intime. Monsieur Hitchcock sort de l’ombre et nous découvrons le côté sombre de sa personnalité. À découvrir, même si l’on n’est pas un grand cinéphile.