En cours de chargement...
Chien-loup de Serge Joncour m’a forcée à ralentir et m’a quelque peu hypnotisée, rien de moins que ça. Enfin, j’avais du temps à perdre. Le temps, d’ailleurs, a suspendu son vol et j’ai mis plus de temps que d’ordinaire à lire un livre pourtant peu épais. Serge Joncour n’est pas un auteur que j’ai l’habitude de lire. J’avais lu il y a longtemps Carton, dont j’avais eu une lecture assez mitigée. L’histoire ? Franck et Lise ont loué pour l’été une maison perdue en haut d’une colline dans le Lot, une maison si perdue qu’elle est hors réseau et que le chemin pour y aller semble avoir été oublié par les hommes. Franck, producteur de films, est tout d’abord extrêmement agité par le fait d’être injoignable tandis que Lise se détend et profite de la vue pour commencer à peindre. Mais peu à peu, tout va se modifier. Un chien sauvage fait son apparition, qui va chercher la compagnie de Franck. Puis, Franck part à la découverte de son environnement et apprend l’histoire de cette maison et de cette région. En parallèle, le lecteur suit les événements qui ont secoué le village pendant la première guerre mondiale, et notamment l’installation d’un dresseur allemand, venu se réfugier là-haut avec ses fauves… Je vais avoir du mal à vous raconter comment ce livre nous enrobe et nous tient dans une nature pleine de force et de craintive sauvagerie. J’aimerais qu’il vous fascine tout autant qu’il m’a fascinée, d’une manière profonde et complètement inattendue. C’est un roman qui sait si bien parler de la force des femmes, de l’instinct, qu’il soit animal ou humain, et du besoin vital de se couper parfois du brouhaha du monde.
Voici le roman outch de ma rentrée. Je ne peux pas dire que je sois très adepte de ce genre de lectures où la violence est ainsi tellement extrêmement présente mais j'ai beaucoup aimé. L’histoire ? Nous sommes au Kansas, il fait chaud. Une jeune fille, Hayley, s’apprête à partir une semaine chez sa tante, afin de se préparer sérieusement à son prochain tournoi de golf. Elle s’est remise à ce sport en hommage à sa mère, décédée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Hayley est préoccupée par la trahison récente de son petit ami, et prend la route dans la voiture que son père lui a offerte, un peu fébrile et décidée à réussir son challenge. Un peu plus loin, Norma vit dans une grande maison, seule avec ses trois enfants, au milieu des champs et de nulle part. L’aîné, Graham, voudrait partir à New York avec sa petite amie, poursuivre des études de photographie. Tommy, le deuxième, a quitté les études, travaille dans une épicerie, et s’adonne à des actes violents dans le secret d’un abattoir désaffecté. Tous les espoirs de Norma pour une vie meilleure convergent vers Cindy, la plus jeune, qu’elle présentera bientôt à un concours de mini Miss. Quand Hayley tombe en panne sur la route, et que Norma lui vient en aide, aucune des deux n’a conscience de mettre les pieds dans un terrible engrenage que bientôt personne ne pourra arrêter. Il suffira d’une nuit de trop dans une maison familiale pour que l’équilibre bascule. Helena est véritablement un roman addictif, mais avant tout un thriller psychologique qui ne laisse pas son lecteur en paix. Certaines scènes resteront gravées très longtemps dans ma mémoire, comme ce visage enfantin éclaté par un club de golf par exemple, qui signe un point de non retour dans l’histoire. Le sang gicle souvent, beaucoup de personnes meurent, et pourtant de nombreux passages sont d’une douceur et d’un espoir incroyables. Et c’est assez fascinant comme l’on ressort de cette lecture des questions encore plein la tête. Quel est l’impact de cette fameuse Helena sur toute cette histoire ? Qui sont les véritables coupables dans ce roman ? Peut-on croire à la malédiction de certains lieux ? Et jusqu’où peut-on aller pour protéger l’avenir de ses enfants ? J’ai beaucoup aimé, donc, ce roman de Jérémy Fel, d’une grande qualité narrative, mais il me faudra je crois quelques temps pour me remettre de sa lecture.
Haletant !
Je n’attendais rien du tout de ce petit roman de rentrée… et je me suis laissée totalement emporter par son intrigue. Voilà qui arrive parfois, et à chaque fois c’est un heureux étonnement de lecture. Un dieu dans la machine est un roman moderne, qui commence pourtant par le récit désabusé des galères d’un anti-héros, mais se termine dans un feu d’artifice futuriste. Roman d’anticipation ? Fable moderne ? Critique de notre société ultra-connectée ? L’histoire que nous raconte Alexis Brocas contient un peu de tout ça. Nous rencontrons tout d’abord notre narrateur, fraîchement père, fraîchement divorcé et fraîchement au chômage. Sa vie a été saccagée par deux trois lignes de trop dans un roman qu’il a publié. Il sait que pour s’en sortir, et pour briller de nouveau dans les yeux de sa fille Emma, il va devoir accepter ce travail étrange chez Larcher. Là-bas, on fait appel à ses compétences rédactionnelles, mais il faut aussi s’accommoder de ce que l’on ne comprend pas et surtout ne pas poser de questions. Larcher cultive l’art du secret. Notre narrateur fait croire à son entourage qu’il rédige des notices pour appareils ménagers. En réalité, il s’agit d’utiliser une machine, qui se nourrit d’informations statistiques, de données de masse, et à qui un beau jour le personnage d’Alexis Brocas a l’idée de demander l’espérance de vie de sa fille, alors qu’elle n’a encore que 6 ans. On lui répond qu’à 17 ans Emma décédera d’un accident, au milieu d’une foule, et qu’il sera présent. S’ensuit alors un contre la montre pour la vie et contre la machine. Je vous recommande réellement ce court roman haletant et très bien écrit, qui vous fera certainement comme à moi parfois froid dans le dos, mais qui a le mérite de mettre en lumière la manipulation des algorithmes qui tendent aujourd’hui à nous gouverner. Alexis Brocas croit aux pouvoirs de l’empathie et de l’humain, et c’est je crois ce qui m’a le plus touchée aussi. Un livre à glisser dans des mains adolescentes.