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4 Note(s) et avis
j'ai beaucoup apprécié cette évasion à la coloration parodique. Parce que franchement, ceux qui présentent ce bouquin comme un mélange de Bit-Lit et de chick-lit n'ont vraisemblablement aucune notion du concept d'ironie. Si l'auteur a écrit ce récit au premier degré alors moi je fais caca des lingots d'or -oui, oui, comme dans l'abominable conte-. Ce que nous offre madame Mary Janice -gloussements- Davidson, c'est une caricature d'héroïne de chick-lit. C'est franchement trop gros pour être autre chose. Notre attachante blonde est bavarde, évaporée, superficielle, célibataire et à côté de la plaque. Sa plus grande et seule passion : les chaussures. Toutes les chaussures de fillasses qui coûtent plus cher que la totalité des fringues de toute ma famille. Elle est assez conne pour nous faire rire mais suffisamment attachante pour qu'on l'apprécie. Donc madame Davidson a pris une caricature de chick, l'a extirpée de son monde de rendez-vous galants, de carrières au point mort et de séances shopping pour la propulser dans le monde de la bit-lit. Là aussi tout y est. Le vampire sexy et mys-té-ri-eux -oui oui détacher les syllabes fait tout-, le méchant roi des vampires dictateur et l'obscure prophétie. Chaque univers semble camper sur ses positions et leur rencontre fait des étincelles. Tout ça est un peu cinglé. Ce n'est pas révolutionnaire, ni le roman du siècle mais c'est amusant et on en redemande. C'est déjà bien, non ?
Le roman de monsieur Buen porte très bien son nom, nous sommes plongé dans la vie d'un alcoolique, Jack Taylor. Ce dernier passe son temps au pub et prend cinq minutes entre deux cuites pour résoudre quelques affaires. Cet ancien de la Garda Síochána -la police irlandaise- a tout du pauvre type. Il partage son temps entre la consommation de café généreusement coupés au brandy et la lecture de romans noirs.
Parlons d'abord ce qui m'a plu dans Delurium Tremens... L'ambiance du roman est tout à fait irrésistible, une atmosphère sombre qui rappelle celle des ouvrages que le héros affectionne
tant. Jack Taylor est un personnage fascinant qui aime lire avec passion et boire tout autant. Le style est percutant avec une écriture rythmée, des chapitres très courts et des répliques féroces. L'ancien flic cite Kafka, Bacon et manie l'humour noire avec brio. Là, si tu me connais un peu ami lecteur, tu dois penser que j'ai été conquise : tout ce que j'aime est réuni. Sauf que non, la déception a vite pointé le bout de son nez cruel. Si ce bouquin s'était contenté de nous parler d'un homme à la dérive, soit, les choses auraient pu être intéressantes mais Delirium Tremens nous est présenté comme la première ENQUETE de Jack Taylor. Mais quelle enquête ? L'intrique pourrait tenir sur l'étiquette d'une bouteille de Guinness. L'auteur ne va pas loin dans le domaine du policier. Pas de suspens, pas de mystère, pas de résolution de crime, ou si peu.
On se contente de partager le quotidien du héros entre son problème d'alcool et ses amis marginaux. Le prétendu suicide, argument du roman, se cache trop bien au milieu des débris de bouteilles.
Je pense que le personnage de Jack prend toute la place et n'en laisse même pas pour son enquête. Je n'ai pas détesté ma lecture mais je suis restée sur ma faim. Une bonne atmosphère ne suffit pas à faire d'un bouquin un roman noir. Dommage.
Nous parlons donc d'une très jeune fille de 14 ans, Olivia. Cette gamine est une ado cabossée par le divorce de ses parents, soit, mais surtout par leur incapacité à lui faire sentir leur amour. La psychologie de l'héroïne est admirablement dépeinte. Olivia est confrontée à des situations très dures. Ainsi, une nuit, elle se rend compte que sa mère se trouve avec un homme dans la chambre à coucher. Apprendre de cette manière, par les cris de celle-ci en train de faire l'amour, que sa mère a quelqu'un dans sa vie est quelque chose de tragique à mon sens. Mais Olivia est entre deux
états. L'adulte en devenir veut se conduire comme une personne mature tandis que l'enfant qui demeure subit un choc violent.
La société dépeinte par l'auteur est d'une crudité et d'une violence bouleversante. La mère d'Olivia poussera le souci des apparences jusqu'à faire emménager Nick, son amant, en le présentant à sa fille comme un pensionnaire qui dort dans la chambre d'amis. Premier mensonge, premier non-dit qui pousse l'enfant à penser que les tabous sont inaliénables. du côté de son père, Olivia n'en mène pas large non plus puisqu'il vit avec une de ses étudiantes et semble se trouver un peu encombré par son ancienne famille.
C'est donc dans ce contexte que Nick fait son apparition du jour au lendemain dans la vie de notre héroïne. Et c'est là où je ne comprends pas les avis et critiques que j'ai pu lire.
Pour ma part je n'ai pas trouvé que l'inceste ici était dédramatisé une seconde. J'ai l'impression que la plupart des lecteurs voient le détournement de mineur de manière très schématique -pour ne pas dire simplet- : soit l'homme est un monstre prenant la jeune fille de force, soit c'est une vraie histoire d'amour amorale sans doute mais tragiquement sublime. Sérieusement ? Non seulement c'est d'une naïveté déconcertante mais c'est aussi enlever tout le génie de ce roman. Nick est le bourreau d'Olivia mais ce n'est pas simplement un monstre. Quant à la jeune fille, ce n'est pas parce qu'elle finit par tomber amoureuse que cela devient une histoire d'amour.
Le talent de l'auteur est là. Comment Nick va manipuler la fragilité de la proie, la rendre maléable, consentante malgré elle. Il lui prendra sa virginité de la même façon alors qu'elle est paralysée à la fois par la peur et par le désir. Et lui va lui apprendre le plaisir comme une arme pour mieux l'assujétir à son pouvoir. Alors oui, Olivia va l'aimer et le protéger. Et pourtant tout au long du roman on sent bien qu'elle est lucide sur ce qu'il lui fait subir.
En cela, ce récit est une claque, un chef d'œuvre de nuances. Olivia ne se contente pas d'être une victime tout comme Nick ne se résume pas à sa part d'ombre.
Daddy's girl mérite tellement plus que cela... Un roman qui, pour ma part, m'a donné la nausée est d'une richesse incroyable. En refermant, l'ouvrage, je ne pouvais que m'incliner devant tant de talent. Merci madame Inglis.
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Coup de coeur
Ce roman a été un petit coup de cœur. Je ne vais pas justifier cette très bonne note en décortiquant les mots de monsieur Fournier. Ni parler de psychologie des personnages. Encore moins du peu de place pour le handicape dans notre société ou les médias. Ce n'est pas un roman que j'ai apprécié de manière intellectuelle. Tout simplement Où on va papa ? m'a merveilleusement malmenée. J'ai pleuré avec ce texte mais j'ai ris aussi. Beaucoup. Je vais enfoncer des portes ouvertes -mais bon les portes déjà ouverte, c'est bien aussi, puis c'est moi douloureux à enfoncer- mais la pire discrimination, à mes yeux, est de refuser de rire d'une classe d'individus. Refuser de rire d'autrui, quand c'est avec tendresse, c'est lui nier son humanité, c'est remplacer la beauté de l'empathie par le mépris de la pitié. Et ce roman rit avec tendresse, avec désespoir aussi. Un livre que j'ai refermé le cœur chamboulé. Ce qui est rare.