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Elles sont au nombre de trois, les femmes de ce roman.
La première c’est Anne. Elle vit à Bruges, au temps de la Renaissance. Elevée par son oncle à la mort de ses parents, elle est sur le point d’épouser un jeune homme ( une denrée rare pour l’époque car la plupart des hommes sont partis pour les croisades). Privilège de jeune fiancée, elle a l’opportunité de se regarder dans un miroir… mais Anne s’aperçoit qu’elle est plus émerveillée par la lumière, par la nature que par son futur époux… Elle s’enfuit.
La deuxième, c’est Hannah, jeune
femme qui vit dans le Vienne de 1904. Elle raconte, dans ses lettres à sa cousine Gretchen, sa vie avec son mari, la pression qu’exerce sur elle sa belle famille pour qu’elle ait un enfant, ses difficultés pour y arriver, son ennui. Son sentiment d’être étrangère à son monde, inutile.
Enfin, il y a Anny, jeune actrice américaine contemporaine au lecteur. Elle a tout du cliché de l’actrice écervelée : elle se drogue, boit, et couche avec le tout venant. Mais une bêtise (se prendre pour Jane avec le câble d’une boule à facettes), l’amène, outre à l’hôpital mais aussi à rencontrer Ethan, infirmier, qui lui dit qu’il a pitié d’elle.
3 femmes donc, qui a un moment clé de leur vie sont amenées à se regarder dans le miroir, et qui s’aperçoivent qu’elles cherchent un sens à leur vie. Elles ont en apparence tout pour être heureuses ( selon les critères de leur époque : un mari, de l’argent, la position de star à Hollywood)) et pourtant toutes sentent que quelque chose cloche, qu’elles ne mènent pas la vie qu’elles devraient avoir, et ne sont pas elles mêmes, ni en accord avec elles mêmes.
J’ai bien aimé ces 3 femmes qui voient au-delà de leur miroir, au delà des images.
C’est le premier livre de Mr Schmitt que je lis et j’ai bien aimé son style, sa façon de reprendre des « poncifs » mais en les tournant de façon à ce que le lecteur les ressentent .Il met le lecteur face à sa vérité.
Oui voila ce que j’ai apprécié : je me suis reconnue dans chacune de ces femmes. J’aimerai pouvoir ressentir la nature comme Anne et vivre sa vie simple, ou trouver ma voie comme Hannah ou encore être regardée comme Anny l’est par Ethan… Et peut être tout simplement avoir le courage d’assumer mes choix de vie, mes différences.
« Moi il ne m’aime pas le public, il aime que je l’amuse, c’est différent. Toi il t’idolâtre parce que tu lui présentes un miroir dans lequel il se reconnaît. »
Mon avis.
Pas de romantisme dans ce livre… je dirais même que le ton est plutôt pessimiste. Ce sont plutôt des portraits que dressent l’auteur. Portrait d’une bonne « famille » sur le déclin. L’auteur montre très bien le poids qui pèse sur le poids des héritiers de dynastie ou de grandes familles. Ici c’est son mari qui fait les recherches généalogiques mais c’est Olivia qui paye l’histoire de la famille de son mari. L’automne de la famille Pentland anéantit pèse sur les épaules d’Olivia. Pour Louis Bromfield, le passé est inextricablement lié au présent
et Olivia en est prisonnière (d’où son envie que sa propre fille y échappe).
Olivia est une femme à qui on s’attache , car c’est une femme droite, qui s’est mariée un peu par défaut ( elle l’admet), mais qui a maintenant, à l’automne de sa vie, envie et besoin de sortir du carcan des règles. Elle voudrait (et la lectrice que je suis le veux aussi pour elle) être heureuse.
Les autres personnages aussi sont bien croqués par un narrateur qui n’est pas tendre ni avec eux, ni dans son analyse des relations entre ces personnages.
Il est incisif, sans compassion.
Un livre à découvrir
« La pauvre enfant n’a pas l’air d’avoir beaucoup de succès ; elle est vraiment laide la pauvre petite. Je suppose qu’elle tient son teint blafard de son père qui était à la fois grec et français. »
« Tante Cassie s’était redressée et se tenait raide comme un piquet ; elle aurait eu la même attitude de recul en se retrouvant subitement en face d’un serpent à sonnette »
« Un temps viendrait où cette fortune ne serait plus qu’une coquille d’apparence trompeuse, une coquille ne contenant plus que pourriture séchée »
« Pendant quelques instants il avait faillit devenir un mari susceptible d’intéresser sa femme »
« en fait c’était un homme qui manquait d’élan, de spontanéité, un être terne, veule et qui embrassait la cause de la morale parce que celle-ci faisait partie des traditions familiales et devait en conséquence être soutenue. »
coup de coeur et au coeur
A 9 ans il découvre son père la tête dans le lave vaisselle. Il ne peut pas appeler sa mère à la rescousse… elle est habite les trois quarts du temps au Pays des kangourous, où elle travaille pour une société qui fabrique des yaourts.
Que faire ? S’apitoyer sur son sort ? Fuir ? Non, car il y a Lola. Lola, c’est la grand-mère de Simon. C’est la maman de son papa ( Paul). Alors elle fait hospitaliser ce Paul qui n’est plus capable de s’occuper de son enfant. Et elle prend Simon sous protection. Elle n’est pas seule : il y a ses copines « sorcières » qui l’initie au spiritisme. Et il y a aussi Lily, une mystérieuse petite fille qui semble en savoir beaucoup sur ce qui hante le papa de Simon, et qui va aider Simon à comprendre, et à formuler toutes ses questions.
Mon avis :
Ce livre est un cri d’amour, immense. Cri d’amour d’un petit garçon à son papa qui sent que quelque chose ne va pas mais qui continue malgré tout de l’aimer et de le soutenir.
Le cri d’amour d’un petit garçon pour les adultes qui l’entoure, que ce soit sa grand-mère ou même sa mère qui est loin.
Loin d’être triste, ou déprimant, ce livre traite de la dépression avec pudeur mais justesse. Il explique bien comment elle envahit celui qui en souffre en le laissant incapable de réagir. Et à travers Simon, c’est le regard d’un enfant sur les conséquences pour l’entourage de cette maladie qui nous est donnée
Je crois que Simon restera dans ma mémoire, tout comme ses réflexions sur la vie, sur sa situation et sa lucidité :
« Papa fait une dépression. Peut être que maman aussi. Je suis devenu l’enfant sans je t’aime. Un orphelin privé d’amour à cause de parents trop fatigués pour le lui dire. »
« Je veux du vert dans les yeux de papa, le vert « couleur de feuille » comme disait maman avant. Avant les disputes. Avant que chacun ne disparaisse dans un pays si loin que ma seule façon de les retrouver chacun est de fermer les yeux et de réver. Je veux marcher pieds nus dans le sable, les yeux ouverts, ma main blottie dans la leur.
« Quand une grande personne décide de ne plus parler d’un souci, elle l’enterre si profond que personne n’ose proposer sa pelle »
J’aime beaucoup aussi les réflexions de Simon sur la vie :
« J’attends le coup de foudre comme dans les films. Enfin sans la foudre. »
« Elle s’est mariée [..] parce qu’elle avait un petit garçon dans le tiroir. Je n’ai pas osé de mander à Mamie pourquoi Violette avait couché son fils dans le tiroir. C’était peut être trop petit chez Violette pour rajouter un lit. »
« Le sucre en poudre qui se respire par les trous de nez ? »
« Nos chambres donnent sur le garage à bateaux. On dirait que les bateaux sont punis. QU’ils n’ont pas le droit de s’en aller sur la mer. »
« Je me demande si les nuages qui avalent toutes les fumées des cigarettes ne pleurent pas à cause de ça. Ca doit leur piquer les yeux qu’on ne peut pas voir de la terre. »
« Son papa et sa maman ne sont plus ensemble depuis 2 ans, à cause de son papa qui est parti pour des tas d’autres femmes avec des cerveaux aussi intéressants qu’une bouteille de coca zéro vide. »
« Il vaut mieux ne parler à personne des gens qu’on aime. Les mots pour dire la magie et le mystère de la personne qu’on aime n’existent pas. […] Après c’est quelqu’un comme tout le monde et c’est bien fait pour celui ou celle qui en a trop parlé. C’est peut être pour ça que j’aime encore maman. Personne ne m’en a vraiment parlé ».
« Tous les anges ont allumés leur téléphone portable. Le ciel brille de mille étoiles. »