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Si la figure du marginal s'avère très répandue dans la littérature, la notion même de marginalité appelle quelques éclaircissements ; les contenus de la marginalité, toujours relative, varient en effet dans le temps et dans l'espace, la multitude des situations s'inscrivant entre une limite supérieure et inférieure variable d'une société à l'autre. Les clochards, les immigrés sont perçus comme des marginaux mais les dandys, aristocrates enviés, sont aussi des marginaux.
Ils ne subissent pas mais revendiquent avec orgueil leur marginalité. Les libres penseurs, les créateurs de toutes sortes, en avance sur leur temps, font partie de cette élite marginalisée par sa différence, non plus économique ou ethnique, mais intellectuelle. La frontière entre marginalité et exclusion est donc fragile. Hors la norme, le marginal est toléré, à l'opposé de l'exclu qui est banni. Mais ses différences le font apparaître subversif, car il ne s'oppose pas seulement à l'ordre établi pour des motifs psychologiques ou idéalogiques.
Il est porteur d'une contestation plus profonde et durable qui affecte le vécu. C'est en quoi le marginal se distingue de l'anticonformiste ou de l'original dont la particularité peut choquer tout en restant plaisante. Ce numéro des Recherches sur l'imaginaire entend éclairer les multiples facettes de la marginalité et appréhender un peu mieux la figure du marginal dans le paysage littéraire.