Oriens - Occidens N° 6, 2004

Longtemps connu principalement pour ses prises de position politiques, Abbon de Fleury-sur-Loire (env. 940/45-1004) a également joué un rôle de premier ordre dans les domaines de la philosophie, de la science et du comput ou l'art d'établir le calendrier ecclésiastique. Les éditions critiques de ses écrits majeurs ayant fait défaut jusqu'à une date récente - ou faisant encore défaut - à savoir les traités de logique, le Commentaire sur le Calculus de Victorius d'Aquitaine, le Recueil de comput, ainsi que les exposés ponctuels relevant de la cosmologie et de l'astronomie, cet écolâtre est resté à l'ombre de son contemporain Gerbert d'Aurillac. Les études réunies dans ce volume présentent la première tentative d'établir la place d'Abbon de Fleury dans l'histoire de la philosophie et de la science, ainsi que dans les champs d'application pratique du comput et de la divination astrologique. S'inspirant largement de la version latine du Timée et du Commentaire de Calcidius, du Commentaire sur le Songe de Scipion de Macrobe et du De statu animae de Claudianus Mamertus, Abbon de Fleury a promu, au sein de sa communauté monastique, la discussion de problématiques platoniciennes et néo-platoniciennes tout en les centrant sur celles des relations entre unité et pluralité, entre indivisibles et composés. D'autre part, à l'appui de la section consacrée à l'astronomie du Commentaire sur le Timée de Calcidius, il a favorisé l'étude de l'astronomie mathématique, alors que par ailleurs prévalait, dans la culture monastique, celle de l'astronomie descriptive. Enfin, l'œuvre cosmologique, astronomique et computiste d'Abbon de Fleury se distingue par le fait que l'intégralité de la matière a été découpée en tableaux et figures qui, présentés sous forme de recueil, visent à totaliser les connaissances.