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"C'était rien qu'un petit troussage de domestique", "vous voulez vivre dans une société de la délation ?", voilà le brame que le mâle dominant pousse à chaque nouvelle révélation de harcèlement, agression sexuelle ou viol qui surviennent en cascade depuis l'affaire Weinstein. Pourtant, partout, ces agressions violent l'intimité des femmes et pourrissent d'autant plus leur quotidien qu'elles ne les quittent jamais, dans la rue, les transports, au travail, chez soi.
Si le droit tend vers une égalisation des rapports et que le féminisme semble dans l'air du temps, l'impunité a des beaux jours devant elle et la domination des hommes sur les femmes est profondément inscrite dans la société. Même ceux qui estiment leur comportement respectueux en profitent, sans se l'avouer, au travers de la culture de la femme au service de l'homme, et des inégalités en termes de travail et de rémunérations.
Et il y a encore beaucoup à faire au quotidien et politiquement pour en finir avec l'assignation d'un comportement ou d'un rôle social à un genre et proclamer l'égalité. Mais ne nous contentons pas pour autant de ce combat. Ce n'est pas quand les charrettes de la toute nouvelle "rupture conventionnelle collective" compteront autant d'ouvrières et d'employées que d'ouvriers et d'employés que le pays connaîtra l'égalité.
Pas non plus quand autant de cadres femmes que de cadres hommes devront laisser leur humanité à la porte de l'entreprise. Non, l'égalité ne pourra devenir effective qu'avec l'émancipation de toutes et tous d'un système capitaliste au service d'une infime minorité. Et à cet égard nous vivons une période de lourdes régressions. Ceux qui ont soutenu financièrement et médiatiquement le candidat Macron durant la campagne présidentielle peuvent se frotter les mains, ils sont les uniques bénéficiaires de sa politique : suppression de l'ISF, poursuite de la baisse des impôts sur les entreprises, flat tax sur le capital, facilitation des licenciements, etc.
Et le tout avec un bonus supplément d'âme que leur a offert Macron, à la différence de Fillon : la bonne conscience d'incarner l'élite ouverte, pro-européenne et favorable à l'écologie dont le monde aurait besoin. Ils osent prétendre que "la France va mieux" car eux sabrent le champagne tout les soirs et vont jusqu'à tordre la réalité pour la conformer à leur bonne humeur. De leur fenêtre, il n'y aurait ainsi qu'une cinquantaine de sans domicile fixe en Ile-de-France (julien Denormandie, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires) et en plus, "l'immense majorité d'entre eux dorment dans la rue par choix" (Sylvain Maillard, député LREM).
Les inégalités sociales sont donc toujours plus palpables, les femmes ont décidé de ne plus se taire, cependant, l'égalité fait peur, même dans le pays où elle est inscrite sur le fronton des bâtiments publics. Il n'y a pourtant pas de raisons à cela. Dans une société égalitaire, on ferait mieux l'amour, on mangerait mieux, on serait plus intelligent, on passerait moins de temps à s'inquiéter de son avenir.
Reprendre aux riches notre argent, retirer aux hommes leur pouvoir sur le corps des femmes, donner à chacun les moyens de vivre dignement sans leur commander des rapports mensuels et des actes de contrition sont des objectifs atteignables, sains et agréables. N'ayons pas honte de vouloir vivre mieux, et égaux.