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Nouveau rebondissement dans "l'affaire Heidegger", la publication des Cahiers noirs a suscité une légitime émotion. L'antisémitisme qui s'y exprime sans ambages apparaît aux uns comme la confirmation prévisible mais accablante d'une adhésion de fond à l'idéologie nationale-socialiste ; pour d'autres, c'est une surprise douloureuse, peut-être secrètement redoutée. Le dossier est plus que sensible. Il faut l'aborder au plus près des textes ; il faut aussi prendre du champ pour leur donner sens.
Critique a convié dans ce numéro certains des protagonistes directs du débat lancé cet automne en France par la parution du livre de Peter Trawny Heidegger et l'antisémitisme, ainsi que des témoins plus extérieurs à ce débat, capables de l'éclairer à distance. Marc Cerisuelo revient sur la signification du "moment philosophique" auquel a pu être associé, en France, l'intense réception de Heidegger par toute une génération de penseurs, des années 1960 aux années 1980.
Jean-Claude Monod s'interroge sur la conception du politique chez Heidegger et analyse la stratégie du "secret" qui lui est propre dans l'exposition publique de sa pensée et la diffusion de son oeuvre. Sidonie Kellerer se penche sur des correspondances privées de Heidegger encore inédites en français, dans le contexte critique de l'installation du nazisme puis de la guerre. Deux entretiens enfin, que nous ont accordés Claude Romano et Richard Wolin, font le tour des questions soulevées des deux côtés de l'Atlantique par notre confrontation avec les Cahiers noirs.