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"Ce sera toujours une faute de ne pas lire et relire et discuter Marx. [...] Ce sera de plus en plus une faute, un manquement à la responsabilité théorique, philosophique, politique. Dès lors que la machine à dogmes et les appareils idéologiques "marxistes" [...] sont en cours de disparition, nous n'avons plus d'excuse, seulement des alibis, pour nous détourner de cette responsabilité. Il n'y aura pas d'avenir sans cela.
Pas sans Marx, pas d'avenir sans Marx. Sans la mémoire et sans l'héritage de Marx : en tout cas d'un certain Marx, de son génie, de l'un au moins de ses esprits" (Jacques Derrida). Tel un spectre, Marx rôde. Enterré mille fois par ses ennemis, momifié par ses prédicateurs, il est d'une increvable jeunesse et nous aide à comprendre ce monde malade... pour mieux le changer. Le marxisme est à la mode, très tendance même.
En témoigne la multiplicité des livres, séminaires, rééditions, revues qui leur sont consacrés. Le Monde des livres lui a d'ailleurs consacré une page dans son édition du 6 avril, en évoquant au passage la revue ContreTemps dont la directrice de publication, Isabelle Garo, a récemment publié Marx et l'invention historique, aux éditions Syllepse. Le capitalisme brutalement précipité dans une nouvelle crise majeure provoque cette petite révolution : la réévaluation d'une pensée discréditée et le succès de thèmes que certains voulaient voir oublier et reléguer au magasin des accessoires encombrants.
Mais, une fois les présupposés idéologiques remisés, le monde tel qu'il va fait de l'œuvre de Marx une source de réflexion toujours vivante, une méthode d'analyse indispensable du réel, un outil pour penser sa transformation. Les ouvrages récemment publiés, nombreux, importants, nous apparaissent en être la confirmation. Et une invitation à poursuivre un travail qui n'aura pas d'achèvement. Antoine Artous discute le dernier livre d'Etienne Balibar Sujet citoyen ; Razmig Keucheyan revient sur Gramsci à travers le livre que lui consacre Peter Thomas ; Isabelle Garo rend compte du livre de Christian Laval et Pierre Dardot, Marx, prénom : Karl ; Jean-Numa Ducange consacre un article au livre de Kevin Anderson consacré à Marx et aux sociétés non-occidentales (à paraître aux éditions Syllepse).
