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Lima, années 80. Alors que l'Etat et la guérilla du Sentier Lumineux se livrent une guerre sans merci, Elsa, une jeune militante communiste, est soumise aux viols et à la torture des militaires. Parmi eux, Bioy, jeune caporal tétanisé par ce déchaînement de violence.
Lima, années 2000. Bioy est désormais à la tête d'un des gangs les plus violents de la ville, au service des cartels de la drogue et du crime organisé.
Ses anciens collègues de l'armée sont en prison ou en fuite aux Etas-Unis.
Vingt ans se sont écoulés qui ont plongé le Perou dans l'abîme, et c'est le récit de cette chute que ce roman nous livre à travers les destins croisés de Bioy, d'Elsa, d'un flic infiltré et d'un étrange garçon assoiffé de vengeance.
Intrigue tentaculaire, récit à la chronologie chaotique qui mêle le passé au présent et emprunte à des formes aussi diverses que l'écriture cinématographique ou le blog, Bioy forme un puzzle romanesque qui déploie toutes les facettes de la violence, de l'horreur et la déchéance humaine et tente sans relâche de répondre à cette question : l'idée même de rédemption a-t-elle encore un sens ?
En plaçant la violence et la question de la banalisation du mal au cour de son livre, Trelles Paz s'affirme comme l'une des voix latino-américaine les plus prometteuses du roman noir.
Diego Trelles Paz est né à Lima en 1977.
Journaliste, écrivain, critique (cinéma et musique), scénariste, et universitaire, il est notamment connu en Amérique latine pour ses réflexions sur le roman policier et ses recherches sur l'écrivain chilien Roberto Bolaño. Il est l'auteur de plusieurs livres. Bioy est son premier roman traduit en français.
très noir, très dur mais à lire
Bioy est un roman sud américain (Pérou) et c'est également le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. J'y reviendrai dans cette critique, mais on doit saluer (et donc nommer) le traducteur français pour son excellent travail: Monsieur Julien Berrée.
Je dois reconnaitre que je n'ai pas l'habitude de lire des livres de cette partie de la planète. C'était donc une découverte pour moi.
La lecture de la 4ème de couverture - "Récit à la chronologie chaotique" - m'a inquiété. Je suis vieux jeu j'aime bien les choses assez carrées. De plus, l'intrigue semble guère réjouissante... Violence, vengeance, banalisation du mal... J'y suis allé un peu à reculons je l'avoue.
Mais après les premières pages, je fus rassuré. J'ai rencontré une belle écriture, subtile qui m'a donné réellement envie de lire le roman. C'est le point fort pour moi de ce roman noir, très noir même. Ce roman est très violent, très dur, très cru et explicite (souvent à la limite du supportable). Il est souvent dérangeant à la lecture, mais grâce à la plume de Diego Trellez Paz (et aussi au beau travail du traducteur français), la lecture reste plaisante. En plus, le traducteur nous éclaire souvent en nous expliquant en bas de page la signification de certaines expressions.
Et pourtant, comme je le disais plus haut, la chronologie est vraiment chaotique. On a vraiment du mal à s'y retrouver, pire à ne pas se perdre ni confondre les personnages tout au long des 4 parties du roman. On passe allègrement du présent au passé (la première partie), des mémoires d'un policier infiltré (le macarra Humberto dans la deuxième partie) au blog (la 3e partie vraiment en décalage avec le reste) "Les gens sont moches". Enfin de l'écriture cinématographique au compte-rendu d'une déposition policière (la 4e partie).
Ce roman est un véritable puzzle où tout finit par s'imbriquer et s'éclaircir (et encore je ne suis pas sur d'avoir tout réellement compris...) dans les dernières pages.
Avec un fil rouge néanmoins: Marcos et Bioy.
Grâce à tous ces différents artifices, aux mots et aux expressions utilisés par l'auteur, je n'ai jamais été tenté d'abandonner. On est témoin de l'horreur - viols, tortures, massacres - mais la beauté du texte (comme les longues descriptions par exemple) évite d'être vraiment au cœur de l'horreur. Cela rend le roman "plus doux, plus accessible, plus tolérable" bien souvent ...
En conclusion, ce n'était pas gagné d'avance, mais je ne regrette pas d'avoir lu Bioy. C'est un roman coup de poing, très noir, difficile à lire mais à l'écriture subtile qui nous permet de découvrir le Pérou des années 80.
Je lirai les prochains livres de cet auteur, c'est une certitude
4/5