Voyage Du Sieur Paul Lucas Dans Le Levant. Juin 1689-Juillet 1703

Je partis donc de Paris le 18 juin 1699 par la diligence pour Lyon, et de là par les voitures ordinaires j'arrivai le 27 à Avignon où, quoique j'eusse payé toutes les douanes, des commis qui y sont pour la France me firent payer frauduleusement jusqu'à Marseille. J'arrivai le 30 à cette dernière ville, où je demeurai jusqu'au 5 août pour attendre un embarquement. Monsieur de Ferriol, ambassadeur du Roi à la Porte, qui y arriva ce temps-là, me donna des lettres de recommandation pour tous les consuls du Levant. Dès que je fus embarqué, l'on eut d'assez grandes chaleurs, et le 9 d'août entre autres l'on dit qu'il en mourut une chèvre et un mouton. Le 15, nous nous trouvâmes devant le port de Malte. J'allai avec ceux du vaisseau dans la ville, où je demandai au Seigneur Lorenzo, médecin du lieu, des nouvelles de sa fille, que j'avais tirée d'esclavage. Cet homme, les larmes aux yeux, me dit qu'elle était morte. L'estime que j'avais conçue pour cette aimable personne, me fit ressentir sa perte vivement. J'avais promis de l'épouser après mon voyage, si Dieu me faisait la grâce de la revoir. Les aventures que j'eus à ce sujet, méritent bien que j'en dise ici quelque mot, quoique cela soit arrivé dans mes premiers voyages.