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Cette étude se propose de dégager, à partir de trois romans (El corazón helado d'Almudena Grandes, Cartas desde la ausencia d'Emma Riverola et Los rojos de Ultramar de Jordi Soler) une série de marqueurs esthétiques et idéologiques pertinents pour tracer les contours d'un nouveau paradigme dans le roman espagnol actuel et esquisser une axiologie de l'écriture mémorielle. Face à un mnémotropisme réel sur la période de la guerre civile et du franquisme, existe paradoxalement aussi une amnésie persistante dans la société espagnole et le roman de la mémoire par "son dire et son faire" rend compte de ce double phénomène.
La littérature est tout à la fois le lieu où l'histoire violente se rejoue et la modalité d'une reconstruction symbolique du sujet et du collectif. La figure de la déchirure originelle est présente dans les textes sous forme de motifs récurrents et structurants qui disent tous l'absence et la perte. Mais les stratégies narratives mises en place, l'omniprésence du code herméneutique ou encore la place que l'auteur s'assigne dans le processus de reconstruction de l'histoire, sont autant d'éléments caractéristiques qui permettent d'affirmer que le roman est le récit d'une blessure et sa suture.