Lorsque Zeb, le frère ainé de Ray, disparaît en n’emportant rien, même pas son chien, le gamin lui en veut un brin car outre le fait qu’il adore son grand frère ils avaient programmé un voyage au Japon. Il faut dire que dans ce petit village de la Côte-Nord du Québec, il ne se passe pas grand chose. On braconne, on joue aux cartes, on picole pas mal et on échoue invariablement devant la télé. La beauté du lieu plus personne ne la voit tout au bout de la route 138. Ray, que beaucoup de gens du village prennent pour un demeuré, s’enferme souvent dans une chambre noire
pour développer des photos quand ils ne se promènent pas dans les forêts profondes de la région.
L’écrivain a choisi au départ de construire le roman autour du regard de Ray mais bientôt la petite amie de Zeb va faire passer le récit en mode polyphonique. Pour elle Zeb n’est pas parti mais a été victime d’une vengeance car il avait un peu trop de chance au poker, la chance du tricheur. On comprend que personne ne verra le Japon et le titre du roman sonne comme une blague. Mais rapidement les cercueils s’accumulent et un ciel de plomb va progressivement s’abattre sur ce village abandonné au bout du monde.
Pascal Millet réussit avec « Sayonara » à nous entraîner dans un thriller d’une grande noirceur au cœur de paysages à couper le souffle. La brutalité des hommes est examiné du point de vue de l’innocence, celle d’un gamin dont on ne sait pas vraiment s’il est déficient mental ou non, c’est d’ailleurs l’une force de ce roman. « Sayonara » est aussi un roman sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et la découverte de la sexualité traitée avec beaucoup de pudeur par l’écrivain. Thématique récurrente chez Millet, ce passage à l’âge adulte est le pivot symbolique du récit qui l’éclaire et l’augmente d’une lumière originale et profonde.
Voix originale dans le monde du polar Pascal Millet est un auteur qui parvient à faire émerger l’humanité dans des situations inattendues. « Sayonara » est, à ce titre, un roman cathartique où la brutalité des hommes est dépassée par le choix même de continuer à vivre. Un thriller à la fois bouleversant et foncièrement psychologique.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHROMIQUE.COM)
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Lorsque Zeb, le frère ainé de Ray, disparaît en n’emportant rien, même pas son chien, le gamin lui en veut un brin car outre le fait qu’il adore son grand frère ils avaient programmé un voyage au Japon. Il faut dire que dans ce petit village de la Côte-Nord du Québec, il ne se passe pas grand chose. On braconne, on joue aux cartes, on picole pas mal et on échoue invariablement devant la télé. La beauté du lieu plus personne ne la voit tout au bout de la route 138. Ray, que beaucoup de gens du village prennent pour un demeuré, s’enferme souvent dans une chambre noire pour développer des photos quand ils ne se promènent pas dans les forêts profondes de la région.
L’écrivain a choisi au départ de construire le roman autour du regard de Ray mais bientôt la petite amie de Zeb va faire passer le récit en mode polyphonique. Pour elle Zeb n’est pas parti mais a été victime d’une vengeance car il avait un peu trop de chance au poker, la chance du tricheur. On comprend que personne ne verra le Japon et le titre du roman sonne comme une blague. Mais rapidement les cercueils s’accumulent et un ciel de plomb va progressivement s’abattre sur ce village abandonné au bout du monde.
Pascal Millet réussit avec « Sayonara » à nous entraîner dans un thriller d’une grande noirceur au cœur de paysages à couper le souffle. La brutalité des hommes est examiné du point de vue de l’innocence, celle d’un gamin dont on ne sait pas vraiment s’il est déficient mental ou non, c’est d’ailleurs l’une force de ce roman. « Sayonara » est aussi un roman sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et la découverte de la sexualité traitée avec beaucoup de pudeur par l’écrivain. Thématique récurrente chez Millet, ce passage à l’âge adulte est le pivot symbolique du récit qui l’éclaire et l’augmente d’une lumière originale et profonde.
Voix originale dans le monde du polar Pascal Millet est un auteur qui parvient à faire émerger l’humanité dans des situations inattendues. « Sayonara » est, à ce titre, un roman cathartique où la brutalité des hommes est dépassée par le choix même de continuer à vivre. Un thriller à la fois bouleversant et foncièrement psychologique.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHROMIQUE.COM)