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Les Sanguinaires ont donné leur nom trompeur à la route qui longe le littoral corse entre Ajaccio et la presqu'île de la Parata. Je l'ai longuement parcouru, poussant même jusqu'à Capo di Feno. Il n'y coule pas de sang, aucune guerre n'y a entraîné de ravages. On ne traverse aucun paysage en ruine ou dévasté. Au coeur de la Méditerranée souvent à feu et à sang, la Corse semble faire exception. J'y ai poursuivi le travail que je mène depuis des années autour de ce bassin méditerranéen où tout aurait commencé.
Les Sanguinaires m'ont permis de renouer avec la fragilité d'un chardon, le miracle d'un coquillage, la tranquillité d'une crique, l'été, à la nuit tombante. Si, parfois, les images glissent insensiblement vers l'hallucination, c'est que j'ai essayé de tisser un lien avec les éléments, la mer, les nuages, les saisons, de me poser un moment devant ces paysages, modelés par la paix et une éclaircie soudaine, comme par un besoin d'enchantement.