Musica Ficta. Une Histoire Des Sensibles Du Xiiieme Au Xvieme Siecle

Dans la terminologie musicale du Bas Moyen Age et de la Renaissance, l'expression musica ficta désigne les altérations chromatiques accidentelles (dièses et bémols), par opposition aux notes naturelles, appelées musica recta. Dans de nombreux cas, ces altérations ne sont pas spécifiées par le compositeur, et il appartient aux chanteurs et aux instrumentistes de les rajouter en cours d'exécution. Si la musica ficta fascine depuis si longtemps les musicologues et les interprètes de musique ancienne, c'est sans doute en raison du mystère qui continue d'entourer ces traditions orales disparues, que le chercheur doit s'efforcer patiemment de reconstituer. A cela s'ajoute naturellement l'importance pratique de cette problématique, qui peut influencer de manière décisive l'interprétation de plus de trois siècles de la musique occidentale. L'originalité du présent essai (consacré au cas particulièrement important des sensibles) réside certainement dans la multiplicité des angles d'approche utilisés : étude systématique de la littérature musicologique récente, examen approfondi des sources vocales anciennes, des traités théoriques et des tablatures instrumentales, aucun de ces aspects n'a été privilégié au détriment des autres. Une synthèse finale permet d'amener à un point de convergence cette vaste somme d'informations, et suggère une mise à jour des pratiques d'interprétation couramment répandues aujourd'hui.