Pourquoi Sonia Araquistáin s'est- elle suicidée en septembre 1945 ? Pourquoi cette artiste espagnole de 23 ans fille d'un ancien ambassadeur s'est-elle retrouvée fracassée et entièrement nue sur le pavé de Queensway près de Bayswate à Londres, après une chute de 80 pieds. Elle vivait à Bayswate depuis 1939 avec son père et se rendait quotidiennement à son atelier tout près de là. Elle avait révélé à son père qu'elle allait fonder "une nouvelle race d'immortels" et puis ... la mort.
Ce destin brisé, avait passionné, à l'époque, la presse britannique et plus de 60
ans après David Bosc nous propose une reconstitution de cette vie trop courte à travers un journal apocryphe. La plume de l'écrivain se glisse dans celle de la jeune femme et tente de reconstituer des fragments d'existence à travers les évocations successives et discontinues. On se laisse prendre par la langue de Bosc qui parvient à faire revivre Sonia et ses obsessions à travers une écriture qui conjugue lyrisme et profondeur. La jeune femme évoque la vie affective de son père, la langue des animaux, la mort de sa mère, les rêves - qui la passionnent - son rapport à la création et à l'amour. Le journal se présente avec ses imperfections, des passages rayés ou illisibles, des pages arrachées. Le texte de Bosc est si réaliste que le lecteur a parfois l'impression de lire ce journal à la dérobée. Le personnage complexe de Sonia ne s'éclaire pas vraiment, au contraire ce journal, l'écriture la rend plus ombreuse et insaisissable. En revanche - et c'est sans doute la force de cette approche littéraire - Bosc nous permet de saisir toute la difficulté de dire, à travers les mots, le travail artistique, L'évocation des pulsions qui habitent la jeune femme et qui l'ont peut-être conduite à mettre fin à ses jours est, à ce titre, très réussie. Ce "Mourir et puis sauter de son cheval" est une vraie réussite.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Pourquoi Sonia Araquistáin s'est- elle suicidée en septembre 1945 ? Pourquoi cette artiste espagnole de 23 ans fille d'un ancien ambassadeur s'est-elle retrouvée fracassée et entièrement nue sur le pavé de Queensway près de Bayswate à Londres, après une chute de 80 pieds. Elle vivait à Bayswate depuis 1939 avec son père et se rendait quotidiennement à son atelier tout près de là. Elle avait révélé à son père qu'elle allait fonder "une nouvelle race d'immortels" et puis ... la mort.
Ce destin brisé, avait passionné, à l'époque, la presse britannique et plus de 60 ans après David Bosc nous propose une reconstitution de cette vie trop courte à travers un journal apocryphe. La plume de l'écrivain se glisse dans celle de la jeune femme et tente de reconstituer des fragments d'existence à travers les évocations successives et discontinues. On se laisse prendre par la langue de Bosc qui parvient à faire revivre Sonia et ses obsessions à travers une écriture qui conjugue lyrisme et profondeur. La jeune femme évoque la vie affective de son père, la langue des animaux, la mort de sa mère, les rêves - qui la passionnent - son rapport à la création et à l'amour. Le journal se présente avec ses imperfections, des passages rayés ou illisibles, des pages arrachées. Le texte de Bosc est si réaliste que le lecteur a parfois l'impression de lire ce journal à la dérobée. Le personnage complexe de Sonia ne s'éclaire pas vraiment, au contraire ce journal, l'écriture la rend plus ombreuse et insaisissable. En revanche - et c'est sans doute la force de cette approche littéraire - Bosc nous permet de saisir toute la difficulté de dire, à travers les mots, le travail artistique, L'évocation des pulsions qui habitent la jeune femme et qui l'ont peut-être conduite à mettre fin à ses jours est, à ce titre, très réussie. Ce "Mourir et puis sauter de son cheval" est une vraie réussite.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)