Joachim Zelter un un écrivain allemand qui a publié, outre Rhin, plusieurs romans tout en construisant une solide oeuvre dramaturgique. Son dernier roman “Monsieur l’écrivain” est une oeuvre atypique qui s’interroge sur le processus d’écriture, le succès et la reconnaissance littéraire. Le procédé romanesque que nous propose Zelter est une forme de double mise en abyme : un écrivain - Zelter lui-même – raconte l’histoire d’un écrivain reconnu – qui pourrait tout à fait être lui - contacté par un apprenti écrivain qui lui demande conseil et qu’il va finalement
aider. Cette fable permet à Zelter de se placer au plus près du processus de création littéraire, celui don’t on ne parle jamais, cette gestation pleine de tentatives et de renoncements, de fulgurances et d’abandons. Les écrivains acceptent généralement de parler des conditions de leur travail romanesque, rarement du processus d’écriture lui-même. La phénoménologie de l’écrivain reste encore à écrire.
Sélim Hacopian l’apprenti écrivain, qui écrit d’ailleurs fort mal l’allemand au début du roman car il est Ouzbek et s’est installé depuis peu en Allemagne, s’adresse à l’écrivain de renom car il veut des conseils, des corrections afin de publier de bons romans. Le plus étrange tient au fait que l’écrivain chevronné se laisse finalement entrainer dans cette aventure au point qu’il va négliger son propre travail littéraire. Hacopian finit par publier et rencontrer un grand succès alors que l’oeuvre de l’écrivain décline doucement.
On retrouve dans ce roman le troublant frisson de l’absurde, celui dont Ionesco savait jouer avec tant d’à-propos. Le lecteur s’interroge finalement sur le sens du succès littéraire si détaché du processus d’écriture lui même. L’écrivain cherche-t-il simplement à écrire une oeuvre ou le fait-il simplement pour rencontrer le succès comme un entrepreneur de star-up? Pourrait-il jouir simplement de son travail dans l’anonymat d’un autre nom que le sien ? Autant de questions que le texte de Zelter dissémine dans un dispositif narratif extrêmement habile qui va bien au delà du seul récit.
“Monsieur l’écrivain” est un roman plaisant qui nous propose une méditation profonde et sensible sur l’évolution du statut de l’écrivain dans la société actuelle. Rafraichissant...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Joachim Zelter un un écrivain allemand qui a publié, outre Rhin, plusieurs romans tout en construisant une solide oeuvre dramaturgique. Son dernier roman “Monsieur l’écrivain” est une oeuvre atypique qui s’interroge sur le processus d’écriture, le succès et la reconnaissance littéraire. Le procédé romanesque que nous propose Zelter est une forme de double mise en abyme : un écrivain - Zelter lui-même – raconte l’histoire d’un écrivain reconnu – qui pourrait tout à fait être lui - contacté par un apprenti écrivain qui lui demande conseil et qu’il va finalement aider. Cette fable permet à Zelter de se placer au plus près du processus de création littéraire, celui don’t on ne parle jamais, cette gestation pleine de tentatives et de renoncements, de fulgurances et d’abandons. Les écrivains acceptent généralement de parler des conditions de leur travail romanesque, rarement du processus d’écriture lui-même. La phénoménologie de l’écrivain reste encore à écrire.
Sélim Hacopian l’apprenti écrivain, qui écrit d’ailleurs fort mal l’allemand au début du roman car il est Ouzbek et s’est installé depuis peu en Allemagne, s’adresse à l’écrivain de renom car il veut des conseils, des corrections afin de publier de bons romans. Le plus étrange tient au fait que l’écrivain chevronné se laisse finalement entrainer dans cette aventure au point qu’il va négliger son propre travail littéraire. Hacopian finit par publier et rencontrer un grand succès alors que l’oeuvre de l’écrivain décline doucement.
On retrouve dans ce roman le troublant frisson de l’absurde, celui dont Ionesco savait jouer avec tant d’à-propos. Le lecteur s’interroge finalement sur le sens du succès littéraire si détaché du processus d’écriture lui même. L’écrivain cherche-t-il simplement à écrire une oeuvre ou le fait-il simplement pour rencontrer le succès comme un entrepreneur de star-up? Pourrait-il jouir simplement de son travail dans l’anonymat d’un autre nom que le sien ? Autant de questions que le texte de Zelter dissémine dans un dispositif narratif extrêmement habile qui va bien au delà du seul récit.
“Monsieur l’écrivain” est un roman plaisant qui nous propose une méditation profonde et sensible sur l’évolution du statut de l’écrivain dans la société actuelle. Rafraichissant...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)