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Le renversement des institutions démocratiques au Mali le 22 mars 2012 a pu paraître d'autant plus surprenant que ce pays, héritier de grands empires soudanais, était, depuis 1992, présenté comme un exemple réussi de transition démocratique. Il y eut d'abord régulièrement quelques alertes tenant à la nature profonde de l'Etat et à ses faiblesses intrinsèques ; c'est ensuite l'installation progressive et la montée en puissance de groupes armés dans le Nord du pays qui ont accéléré le renversement du régime et la partition du pays.
Fondant l'analyse sur les relations entre l'institution étatique et les acteurs politiques et sociaux, cet ouvrage se place dans la perspective du temps long, à savoir l'inscription socio-historique de l'Etat au Mali, tenant compte à la fois des legs précoloniaux et coloniaux mais aussi des logiques internationales importées, dans le cadre de la démocratisation du régime au début des années 90 suite au renversement du régime de Moussa Traoré.
Une sociologie politique de l'Etat malien en action permet de saisir cet Etat dans sa quotidienneté, mais aussi dans les "conjonctures critiques" qui bouleversent les équilibres établis, introduisent de l'incertitude dans les jeux d'acteurs tout en ouvrant les "champs des possibles" institutionnels. L'étude se place dans une perspective dynamique de la formation de l'Etat et de son processus d'institutionnalisation, analysant les moments forts de crises mais aussi de création et d'innovation institutionnelles jusqu'à la période contemporaine et la crise multisectorielle de 2012.
Il s'agit de voir en quoi les usages de l'Etat favorisent, ou non, son institutionnalisation et découvrir les stratégies d'appropriation et d'adaptation de l'Etat aux nouveaux défis comme récemment, suite au renversement du régime d'Amadou Toumani Touré puis l'élection démocratique d'Ibrahim Boubacar Keita, sur fond de pauvreté et de crise récurrente dans le septentrion malien.