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Jeune femme effacée, Claire rédige des horoscopes dans un quotidien et rêvasse beaucoup. Se glisse dans la peau d'autres, croisés au hasard des rues et mène toutes les existences qu'elle désire avec un peu d'imagination et sans grand risque. Jusqu'à cette lettre de Magda, sa fantasque grand-mère, un "cap' ou pas cap' ?" comme seul message. Puis d'autres courriers encore et à chaque fois un défi. Exhortant Claire à sortir de sa réserve sécurisante, se pousser, se trouver et peut-être même enfin apprendre à vivre sa propre vie.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Les romans de Marie Charrel portent essentiellement sur des thématiques qui ont un lien avec ce grand lanceur de dé qu’est le destin. Destin a rejoué comme dans son premier roman “Une fois ne compte pas” ou destins croisés dans “L’enfant tombé des rêves”… Cette fois Marie Charrel avec “Les enfants indociles” va partir de nouveau de l’enfance, lieu privilégié de ses investigations littéraires mais aussi topos symbolique où les existences trouvent cet élan fondamental qui leur permettra de trouver leur place dans le grand manège de la vie.
Son héroïne Claire Jarnon est une jeune femme timide qui a toujours mis la réalité à distance, elle se protège comme une enfant que les circonstances de la vie ont déjà pas mal cabossée. Il va falloir la disparition de sa grand mère Magda un écrivain ultra-créatif et excentrique pour qu’elle entre dans une quête existentielle qui va totalement la transformer.
Marie Charrel creuse avec beaucoup de délicatesse la question du lien qui unit les êtres et les générations. A travers le jeu de piste que la disparue lui propose Claire va affronter les épreuves qu’elle fuyait jusqu’alors. Le récit fonctionne comme une habile mise en abyme qui tourne autour de la création littéraire et comme toujours avec cet auteur la littérature est intimement liée à la vie. On est très loin du roman dépressif à la française, Marie Charrel compose des romans qui sont autant de marchepieds vers l’espoir.
Magda la grand mère de Claire sait que la vie doit être vécue avec ses joies, ses peurs et ses malheurs. Pour elle la vie est une totalité. Elle propose donc à sa petite fille une feuille de route exigeante et vivifiante. Le cheminement à la fois symbolique et existentielle que va effectuer Claire est aussi celui d’une recomposition progressive entre sa vie et l’oeuvre de sa grand-mère. On ne peut manquer d’être impressionné par le tissage narratif que nous propose l’écrivain; les emboitements successifs, les énigmes et le surgissement de personnages allégoriques constitue, au final, une fable étonnante qui confirme l’incroyable créativité de Marie Charrel.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)