Les égéries romantiques

Mêlant la passion à l'art, à la poésie et à la politique, elles illuminèrent le siècle d'or de la litérature, le XIXe romantique. De l'incendie de Moscou aux festivités de l'alliance franco-russe, dans la guerre comme dans la paix, les égéries des neiges incarnèrent toutes les formes de l'amour. Alors que le vertige de la féminité surprend Stendhal lors de la déroute de la Grande Armée, que Pouchkine découvre les rites de l'initiation aux sens dans les bras d'une française, deux parisiennes, fidèles jusqu'au sacrifice, rejoignent leurs fiancés décembristes dans l'exil sibérien.
Eva Hanska et Balzac connaîtront, eux, vingt ans de noces mystiques pour deux seuls été de bonheur. Et, à la liaison dévorante entre Katia, la "tsarine cachée", et Alexandre II, à la folle aventure de Dumas qui, dans les montagnes du Caucase, enlève la fille d'un ataman, répondent l'amour de toute une vie, celui de Tourgueniev dédié à Pauline Viardot, comme le coup de foudre fatal entre l'immaculée Marie Bashkirtseff et le terrestre Maupassant...
De Paris à Saint-Petersbourg, de la Riviera à la Crimée, se noue et se dénoue, sans cesse recommancée, la rencontre de la France et de la Russie, inaugurée par l'union entre les descendants de deux enemis jurés, Rostopchine et Ségur. Pour le centenaire de cette amitié, Les Egéries romantiques rendent hommage à ces femmes qui ont voulu signer des hommes comme elles auraient signé des oeuvres.