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Nous ne savons pas où nous sommes, dans quelle ville, quel pays probable, bien que des références (politiques, sociales, culturelles) soient explicites. II s'agit d'un pays lointain, tout proche pourtant du Maghreb. Ce n'est point un roman, ni policier ni d'espionnage, ou un reportage social sur un pays ou un autre. Il n'y a que des masques : le Muezzin, le Président et d'autres figures allégoriques, en plus de la procession de mini-personnages qui défilent, accrochés à leur passion de la non-identification.
Qui parle en cet ouvrage assez inclassable ? Apparemment, un écho, une voix off, tout cela à propos d'un événement qui n'arrive pas. Ou bien il est arrivé, mais à notre insu, quelque part dans une ville inconnue. Une voix anonyme, informée et au coeur de l'action, qui révèle, dicte et oriente les décisions prises au plus haut sommet de L'Etat ou en son nom . Face au Muezzin et ses partisans sans noms, l'Etat mobilise et manoeuvre une armée de muezzins, sans visages et sans noms.
Le rêve bolchévique était de faire de chaque citoyen un commissaire politique, l'inquisiteur était une sorte de détecteur de tout ce qui n'était pas catholique, dans ce pays imaginé, fait de morceaux de pays reconnaissables, la mission des muezzins est de veiller au bon comportement social, politique et culturel de la population, comme de lui faire parvenir la parole du Guide Suprême et Supérieur de la Nation pour rendre inaudible celle du Muezzin et de ses partisans.
