Le plafond de Montaigne

" Il faut se prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même ", recommandait Montaigne dans les Essais. Pour lire, écrire et méditer à l'abri des désordres du monde, le philosophe gentilhomme fit aménager, au dernier étage d'une tour de son domaine, une bibliothèque, sa fameuse " librairie ". Quand on visite aujourd'hui cette pièce, on peut lire sur les poutres de la charpente, artistement gravées; des citations de penseurs et de poètes exprimant au mieux sa pensée ou ses sentiments. Tout le nihilisme de Montaigne se reflète à la surface de ce plafond, preuve qu'il ne fut en rien un précurseur des Lumières. Peu lui importait d'éclairer les hommes ; l'essentiel était d'être lucide sur lui-même. Les auteurs de Montaigne étant aussi les miens, certaines de leurs sentences m'ont inspiré des " divagations " autour du temps, de l'amour, du plaisir, du doute, de la sagesse et de la mort. Comme eux, je pense que vivre donne à réfléchir.