Philip Nord est diplômé de Columbia et d’Oxford et professeur à Princeton, spécialiste de la France des XIXe et XXe siècles. Il nous propose avec “Le New Deal français” une approche originale des pratiques économiques des gouvernements français successifs de la fin des années 1930 jusqu’à la fin de la Veme République car même si le New Deal est né sous le mandat de Roosevelt , il a son pendant français.
Les français auraient un penchant marqué pour l’étatisme. On trouve déjà ce cliché chez Tocqueville auquel les Amérains se fient volontiers, du fait de ses
commentaires élogieux sur les Etats-Unis. Mais parmi les artisans de la reconstruction de l’Etat à la Libération, bien peu auraient revendiqué l’étiquette de jacobin, encore moins celle de colbertiste ou de bonapartiste. Les artisans de la reconstruction française se percevaient comme des pionniers embarquant le pays dans une direction nouvelles, corrigeant les insuffisances des régimes précédents, et d’abord celle de la IIIeme République. A la libération, la rénovation de l’Etat était inévitables mais loin de rompre complètement avec Vichy , la classe politique , autant à gauche qu’à droite, restait ancrée dans es valeurs familiales, au culte des élites et à un Etat fort et interventionniste. Même si le pays trouva dans la France Libre des ressources nouvelles et des ambitions fortes de réforme, la France de l’après guerre ne fut pas entièrement neuve.
Ce que met surtout en évidence Philip Nord c’est la modernisation progressives et douces des structures profondes de l’Etat qui accouchera d’une république politique et sociale. Pour l’historien l’élite technocratique française de l’après guerre ne saurait se définir seulement comme un agent modernisateur neutre à l’égard des valeurs. Ces élites lisent Le Monde dirigé par Hubert Beuve-Méry disciple d’Emmanuel Mounier le fondateur de la revue Esprit, autre source d’inspiration. Elle possède des valeurs éclairées et attachées au progrès et n’en adhère pas moins, dans de nombreux cas, aux valeurs chrétiennes
L’Etat en France a pour fonction d’éduquer, de fournir de service sociaux, d’assurer l’accessibilité de tous et de chacun aux biens culturelles. La modernisation française ne touche guère au rôle de l’Etat. La grande majorité des Français ne souhaitent pas s’engager sur la voie anglo-américaine du capitalisme sauvage et du consumérisme. Le libéralisme et l’individualisme, termes tenus en haute estime par les Anglo-Américains, n’ont pas les mêmes connotations positives dans l’esprit des Français. L’ordre né de l’après guerre s’est finalement révélé plus durable en France qu’aux Etats- Unis ou en Grande-Bretagne pour la raison qu’il est plus consensuel.
En France, la nouvelle donne s’accompagne d’une promesse faite au pays : l’Etat ne veillera pas seulement à améliorer la vie matérielle de ses constituants, il ne s’attachera pas seulement à réduire les risques, source d’angoisse pour les citoyens, mais il enrichira la vie de chacun grâce à la diffusion d’une culture de qualité.
Philip Nord réussit une plongée saisissante sur un moment fort de notre histoire. Cet ouvrage fera le bonheur de ceux qui veulent en savoir plus sur ces années qui virent la France se reconstruire dans le domaine politique, économique, sociale et culturelle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Philip Nord est diplômé de Columbia et d’Oxford et professeur à Princeton, spécialiste de la France des XIXe et XXe siècles. Il nous propose avec “Le New Deal français” une approche originale des pratiques économiques des gouvernements français successifs de la fin des années 1930 jusqu’à la fin de la Veme République car même si le New Deal est né sous le mandat de Roosevelt , il a son pendant français.
Les français auraient un penchant marqué pour l’étatisme. On trouve déjà ce cliché chez Tocqueville auquel les Amérains se fient volontiers, du fait de ses commentaires élogieux sur les Etats-Unis. Mais parmi les artisans de la reconstruction de l’Etat à la Libération, bien peu auraient revendiqué l’étiquette de jacobin, encore moins celle de colbertiste ou de bonapartiste. Les artisans de la reconstruction française se percevaient comme des pionniers embarquant le pays dans une direction nouvelles, corrigeant les insuffisances des régimes précédents, et d’abord celle de la IIIeme République. A la libération, la rénovation de l’Etat était inévitables mais loin de rompre complètement avec Vichy , la classe politique , autant à gauche qu’à droite, restait ancrée dans es valeurs familiales, au culte des élites et à un Etat fort et interventionniste. Même si le pays trouva dans la France Libre des ressources nouvelles et des ambitions fortes de réforme, la France de l’après guerre ne fut pas entièrement neuve.
Ce que met surtout en évidence Philip Nord c’est la modernisation progressives et douces des structures profondes de l’Etat qui accouchera d’une république politique et sociale. Pour l’historien l’élite technocratique française de l’après guerre ne saurait se définir seulement comme un agent modernisateur neutre à l’égard des valeurs. Ces élites lisent Le Monde dirigé par Hubert Beuve-Méry disciple d’Emmanuel Mounier le fondateur de la revue Esprit, autre source d’inspiration. Elle possède des valeurs éclairées et attachées au progrès et n’en adhère pas moins, dans de nombreux cas, aux valeurs chrétiennes
L’Etat en France a pour fonction d’éduquer, de fournir de service sociaux, d’assurer l’accessibilité de tous et de chacun aux biens culturelles. La modernisation française ne touche guère au rôle de l’Etat. La grande majorité des Français ne souhaitent pas s’engager sur la voie anglo-américaine du capitalisme sauvage et du consumérisme. Le libéralisme et l’individualisme, termes tenus en haute estime par les Anglo-Américains, n’ont pas les mêmes connotations positives dans l’esprit des Français. L’ordre né de l’après guerre s’est finalement révélé plus durable en France qu’aux Etats- Unis ou en Grande-Bretagne pour la raison qu’il est plus consensuel.
En France, la nouvelle donne s’accompagne d’une promesse faite au pays : l’Etat ne veillera pas seulement à améliorer la vie matérielle de ses constituants, il ne s’attachera pas seulement à réduire les risques, source d’angoisse pour les citoyens, mais il enrichira la vie de chacun grâce à la diffusion d’une culture de qualité.
Philip Nord réussit une plongée saisissante sur un moment fort de notre histoire. Cet ouvrage fera le bonheur de ceux qui veulent en savoir plus sur ces années qui virent la France se reconstruire dans le domaine politique, économique, sociale et culturelle.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)