En cours de chargement...
L'ouvrage de Raoul Crespin constituera un document de travail irremplaçable à la fois pour les historiens et les sociologues intéressés en tant qu'observateurs à ce qu'on a coutume d'appeler la mouvance protestante, et pour ceux qui, aujourd'hui encore, se sentent à des degrés divers en dette à l'égard du Mouvement du Christianisme Social... C'est bien la mémoire de la période 1945-1970 qui se trouve archivée...
le récit est construit comme un drame à rebondissements multiples. Le grand art de Crespin est de n'avoir pas suivi pas à pas la chronologie, mais d'avoir organisé les péripéties du récit sur la base chaque fois d'une thématique dominante, introduite bien évidemment par les événements marquants de cette riche période. Ainsi, le rapport à la politique... le débat avec le communisme... le débat autour des valeurs de civilisation qui légitiment les démocraties occidentales...
le débat sur la non-violence et l'obtention du statut pour les objecteurs de conscience... les questions de la coexistence pacifique, de la construction de l'Europe, de la justice sociale rendue urgente par l'aggravation des inégalités... le lien entre l'entreprise et la condition ouvrière... la thématique de la décolonisation... la question de l'arme nucléaire... les fléaux sociaux, alcoolisme, prostitution, pénurie de logements sociaux...
la sexualité impliquée dans la lutte en faveur de la " parenté responsable "... les " pauvres du dehors ", ceux du Tiers-Monde.... ... Mais quiconque se considère à quelque degré comme héritier du Mouvement peut trouver un intérêt à ce livre... On peut ramener, avec toutes les nuances qui s'imposent, le schéma des combats menés par le Christianisme Social à une confrontation renouvelée entre la prédication du Royaume qui vient et les options socialistes ou socialisantes en faveur de la paix, de la justice.
Paul Ricoeur. Extrait de la préface de l'ouvrage.
