Bernard Minier maîtrise sans conteste l'art du suspense en multipliant les pistes, en jouant sur les liens affectifs de l'enquêteur principal et en maintenant toujours l'épée de Damoclès que représente l'évasion récente de ce tueur psychopathe ( Hirtmann) auquel Martin Servaz a été confronté dans une précédente enquête.
Tout est réuni pour tenir le lecteur en haleine dès cette scène du meurtre d'une jeune professeur de khâgne de Marsac, assez spectaculaire. Martin Servaz est appelé par Marianne, son amour de jeunesse, car son fils Hugo est accusé de ce meurtre.
Je n'ai pas
lu le premier roman de l'auteur, Glacé, et il me manque sûrement des données pour apprécier pleinement les enquêteurs. Martin, de manière assez classique, est un policier très investi, mû par un désir de vengeance lié à son passé familial lourd. Il n'est pas très chanceux dans ses relations féminines mais a une tendresse particulière pour sa fille Margot qui est aussi son talon d'Achille.
Par contre, je trouve ses adjoints Vincent et Samira assez neutres et l'auteur donne d'ailleurs tout le dynamisme à cette gendarme homosexuelle, Irène Ziegler qui se retrouve un peu étrangement en scène sur cette nouvelle affaire.
L'auteur multiplie les ramifications dans le récit pour densifier le mystère et le suspense et je reconnais que c'est diablement efficace mais il me semble aussi que c'est parfois un peu trop poussé. Des récits intercalés de la séquestration d'une jeune femme, qui ajoutent une dimension stressante et mystérieuse se révèlent ultérieurement en décalage temporel.
Par contre, j'aime cette façon qu'a l'auteur de glisser son avis très rapide sur des points de société. L'action se passe pendant la coupe du monde de football ce qui nous vaut une analyse assez critique des supporters inconditionnels et des petites réflexions sur le comportement de l'équipe de France. Mais l'auteur évoque aussi rapidement l'IRA, la crise économique, la manigances politiques et les grasses indemnités de nos députés.
Sans aucun doute c'est cette ouverture d'esprit de l'auteur et aussi la personnalité de Martin Servaz, policier littéraire et humain qui me pousseront peut-être à relire cet auteur.
le cercle
Une excellente suite du livre "Glacé" qui reprend avec brio la continuité de l’histoire du commandant Servaz et de son âme sœur diabolique. Je trouve cet opus encore plus réussit que le premier, on plonge dans l'histoire de chaque personnage, les liens du récit se tiennent parfaitement jusqu'au dénouement surprenant et tellement logique finalement. Rien n'est incongrus ou tiré par les cheveux, je trouve que tout est vraiment bien ficelé. Pour profiter pleinement de ce roman, lisez le premier et régalez vous!