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A l'époque où se créent les grands restaurants et où la cuisine française rayonne à travers l'Europe, on meurt encore de faim à Paris et l'angoisse causée par le manque de nourriture comme la peur du lendemain sont permanentes pour la majorité de la population. Dans cet ouvrage la cuisine des pauvres est analysée à travers toute la filière alimentaire, de l'approvisionnement de la ménagère aux pratiques culinaires, aux gestes dans la cuisine, à la manière de consommer les aliments, aux ustensiles de cuisine, aux odeurs, au poids des dépenses alimentaires dans les budgets populaires.
Il s'agit de saisir la manière de se nourrir d'une population qui ne se limite pas aux ouvriers mais englobe cet entre-deux social des couches inférieures de la petite bourgeoisie où l'on rencontre les milieux de la boutique, de l'artisanat, des petits employés, des femmes seules, des personnes âgées. Les frontières sont poreuses entre ces gens de peu et de rien, ces gens d'en bas, entre la misère et la pauvreté.
À la grande diversité du monde des pauvres correspond une grande diversité des régimes alimentaires, des façons de manger et de boire, des lieux ou l'on se nourrit. Est ainsi dressé un vaste panorama des espaces de consommation alimentaire hors de chez soi et à la maison. La pauvreté et la misère ont fait naître des stratégies collectives d'adaptabilité et des formes de débrouillardise pouvant prendre des aspects très variés.
L'ouvrage présente une typologie des familles ouvrières élaborée à partir des monographies de F. Le Play qui montre bien l'extrême diversité des formes de consommation populaire et des significations multiples portées à l'acte de manger.