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Allongé sur son lit, Alain revivait son arrivée en Algérie en tant que soldat du contingent. Ni les horreurs de la guerre, ni le temps passé dans ce pays, n'avaient réussi à en altérer le charme. Il se remémorait le souvenir du jour où, choqué par la façon dont étaient traités les villageois, lors d'un ratissage, il était allé s'asseoir au pied d'un arbre, loin du tumulte, abasourdi qu'il était par les scènes auxquelles il venait d'assister.
L'image de la jeune femme derrière laquelle courait Georges, dont la présence dans les fourrés derrière lui, avait été révélée par un léger bruissement, était restée gravée dans sa mémoire. Elle s'était cachée là, recroquevillée, tremblante comme une feuille, une immense frayeur dans ses grands yeux noirs et devait avoir tout au plus dix-huit ans. A présent, quelques mois plus tard, sur sa table de chevet reposait l'enveloppe qu'il lui destinait et qui témoignait de la force de ses sentiments pour elle : Ma précieuse Rym, Le bateau qui m'a arraché à toi, m'a mené vers des lieux que je croyais aimer.
Il n'en est rien! Sans toi, j'y mesure l'étendue de mon inanité. Mes sourires ne sont plus désormais que complaisance. et mes journées, bien que minutieusement comptées, ne comptent plus dans une vie que j'ai appris à vêtir de ta présence. Que dire? Je n'ai pas l'habitude d'écrire des lettres, mais celle-ci couve en moi depuis mon arrivée en cette patrie dont l'auréole a perdu de son éclat, depuis que par elle je t 'ai vue souffrir...
