Une fois n'est pas coutume, le nouveau roman d'Olivier Norek n'est pas un polar mais un roman historique dont le sujet est un événement peu connu de la Seconde Guerre Mondiale, l'invasion de la Finlande par l'Union soviétique.
Il s'intéresse notamment à un jeune paysan, Simo, qui va devenir le sniper le plus dangereux de l'armée finlandaise, à tel point que les soldats russes le surnommeront la « Mort blanche ».
Basé sur une solide documentation, Les guerriers de l'hiver est la nouvelle pépite de l'excellent Olivier Norek.
Avant de se figer comme d'autres, et peut-être plus facilement encore que d'autres, dans des attitudes satisfaites et des conduites convenues, la figure...
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Avant de se figer comme d'autres, et peut-être plus facilement encore que d'autres, dans des attitudes satisfaites et des conduites convenues, la figure de l'honnête homme est dans son exigence d'origine, au XVIIe siècle, une figure inquiète de la culture : inquiétude vécue non pas dans les affres de la souffrance et la douleur grandiloquente des idéaux ascétiques, mais portée avec gaieté et naturel, dans la discrétion d'un détachement amusé de lui même-bref, inquiétude ayant rang d'ironie. C'est de cette ironie qu'il est ici question, des formes qu'elle prend dans la considération des livres et des effets qu'elle produit dans leur maniement.
Bousculant les habitudes et les représentations établies par l'humanisme savant de la Renaissance, revendiquant le patronage provocateur de Montaigne qui prétendait avoir " peu de pratique avec les livres ", l'honnête homme construit un nouveau modèle de bibliothèque né de l'ambition de reconduire toujours le monde hiératique et autoritaire de l'écrit au monde changeant et mobile de la vie. Aussi la " bibliothèque de l'honnête homme " est-elle entendue ici dans un sens large, qui envisage les diverses voies qu'emprunte la résolution du conflit des lettres et du monde : elle est non seulement l'espace concret et arpentable des livres qu'on range sur les rayons d'une pièce désignée, qu'on classe en catégories (histoire et belles-lettres), qu'on distribue en genres (mémoires, livres de conversations, nouvelles galantes et historiques, etc.), qu'on relie de telle manière de préférence à telle autre, mais elle est aussi la métaphore des lectures idéales qu'on se prend à rêver d'être un prolongement naturel de l'entretien de vive voix- lectures menées, selon le mot de Montaigne, " par forme de conférence, non de régence ", animées par la recherche d'une communication d'esprit au-delà de la transmission d'un savoir, comme un autre " art de conférer ".
Bibliothèque réelle et bibliothèque imaginaire à la fois, la bibliothèque de l'honnête homme s'affirme ainsi l'expression d'un rapport au livre bien déterminé, apparu dans les bagages d'une morale aristocratique. Certes les modes et les enjeux de sa formulation évoluent à mesure que se modifient aussi, des années 1630 aux années 1730, les conditions générales de l'expérience propres à chaque génération. Mais sous la diversité des formes adoptées, de la définition d'un nouvel art de lire conçu comme art de l'écoute jusqu'à l'apparition de pratiques inédites de collection, du rapport du lecteur au rapport de l'amateur ou " curieux ", ne cesse de s'affirmer et se préciser la nature esthétique de cette relation. Contre la tradition humaniste qui envisageait la bibliothèque avant tout comme un corpus, l'honnête homme en fait d 'abord une question de style.
Jean-Marc Chatelain est conservateur à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France, où il est chargé des collections du XVIIe siècle. Ses travaux, portant sur l'idée de gloire dans la France moderne, l'encyclopédisme de la Renaissance ou la tradition savante aux XVIe et XVIIe siècles, s'inscrivent dans le cadre d'une histoire des pratiques culturelles où se rejoignent histoire des idées, histoire de la littérature et histoire du livre. II a notamment publié Livres d'emblèmes et de devises : une anthologie, 1531-1735 (Paris, Klincksieck, 1993) et récemment collaboré à l'ouvrage d'Henri - Jean Martin, La Naissance du livre moderne : mise en page et mise en texte du livre français, XVIe-XVIIe siècles (Paris, éditions du Cercle de la Librairie, 2000), ainsi qu'aux deux volumes : Des Alexandries I et II (Bibliothèque nationale de France, 2001 et 2003).